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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 18:43
Un film de Luc Besson
 
France (2006)
 
Animation (env. 1H43)
 
Avec : Freddie Highmore, Mia Farrow, les voix de Mylène Farmer, Alain Bashung, Marc Lavoine, Valérie Lemercier, Stomy Bugsy…
 
 
 
 
Résumé : Alors que la maison de sa grand-mère va être saisie dans deux jours, Arthur un jeune garçon de 10 ans à peine, découvre le monde des Minimoys. Un peuple d’êtres minuscules, amenés d’Afrique par son grand-père mystérieusement disparu depuis 3 ans, vivant dans le jardin. Arthur doit faire vite car il doit trouver à temps le trésor caché des Minimoys pour sauver sa maison et aider ces derniers contre le terrible M le maudit qui ne rêve que d'une chose: détruire le monde des Minimoys. Pour cela il sera aidé par la princesse Selenia et son frère Bétamèche qui le guideront à travers une faune et un flore dangereuse lorsque l'on mesure deux millimètres et demi…
 
Le voici enfin ce fameux Arthur et les Minimoys, le dixième et dernier film de Luc Besson, le réalisateur français qui tout le long de sa carrière aura du affronter les critiques les plus violentes (et les plus gratuites aussi) contre lui et contre ses œuvres. Des critiques souvent injustes pour un cinéaste à part possédant un vrai univers personnel (ce que très peu de réalisateurs français peuvent se vanter d’avoir) qu’il a su développer à travers ses différents films. C’est pour cela qu’il est franchement surprenant de voir que le dernier né de Besson a échappé au sort réservé à ses prédécesseurs alors que c’est justement celui là qui fait le plus défaut à la filmographie de Besson, celui qui est le plus critiquable. Oui Arthur… est critiquable et à plus d’un titre.
 
Si dans la forme il n’y a pas grand-chose à reprocher au film : les décors et l’aspect des personnages sont magnifiques, l’animation est fluide et dynamique, et la mise en scène soignée ne tombe jamais dans l’esbroufe et la surenchère d’effets tape à l’œil. Un vrai délice pour les yeux en somme. Là où Besson faillit c’est dans le fond et son scénario de la taille d'un Minimoys. Besson ne cherche pas à innover et s’adresse directement aux plus jeunes qui prendront un immense plaisir à suivre les aventures de héros à la psychologie binaire inhérents aux films pours enfants (le héros irréprochable en tout point, la princesse belle et forte qui va forcement tomber amoureuse du héros, le frère inévitable comparse comique…). Mais le cinéaste oublie une chose, les plus grand films d’animations sont ceux qui parlent aux plus petits mais aussi au plus grands ici laissés sur le carreau. Car les adultes devront faire preuve d’une grande indulgence face à une histoire tout ce qu’il y a de plus basique et d’une linéarité incroyable (en gros le héros part de chez les gentils pour aller chez les méchants et en revient) qui a du mal à cacher son manque d’originalité, plusieurs séquences faisant vraiment penser à Chéri j’ai rétréci les gosses, donnant à penser que le film a vingt ans de retard et aurait du voir le jour dans les années 80.
 
Le réalisateur tente bien de fournir un message écologique et de tolérance mais tout ceci reste franchement léger (n’est pas Myiazaki qui veut) quand ce n’est pas traité de façon naïve, caricaturale et manichéiste (le père d’Arthur qui a peur des noirs mais devient leur pote à la fin, le promoteur immobilier…). Il est vrai que la naïveté à toujours fait partie du cinéma de Besson mais ici on patauge dans la guimauve du plus mauvais effet. A ce titre les scènes « live » sont les plus ratées du film, la faute à des acteurs insipides interprétants des personnages inintéressants, le tout baigné dans un traitement à l’américaine plus que douteux. Avec Arthur… Besson veut toucher un public international (enfin surtout américain) et perd du coup son identité. Si son nom n’apparaissait pas au générique on pourrait très bien penser que le film fut réalisé par un quelconque réalisateur hollywoodien. La musique du film en est un très bon exemple. Difficile en effet de retrouver les sonorités propres à la musique d’Eric Serra dans Arthur… tant celle-ci ne se démarque pas d’autres du même genre. On peut toujours s’amuser de différents clins d’œil cinématographiques amusants (Star Wars, Pulp Fiction, La fièvre du samedi soir…) mais qui ne sauve pas l’entreprise. Si Besson réalise la suite, car il est pratiquement certain qu’il y aura une suite, Besson devra analyser ses erreurs s’il veut vraiment rendre justice à un univers flamboyant mais désespérément creux. Allez Luc tu peux faire tellement mieux.
 
Pour faire court : Le (soi disant) dernier bébé de Luc Besson est une œuvre avant tout réservée aux plus jeunes qui en prendront pleins les mirettes tandis que les adultes resteront perplexes devant la maigreur du propos.
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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 15:13
Un film de Tony Scott
 
Titre original : Deja vu
 
USA (2006)
 
Thriller (env. 2h10)
 
Avec : Denzel Washington, Paula Patton, Val Kilmer, Jim Caviezel…
 
 
 
 
Résumé : L’inspecteur Doug Carlin de l’ATF est chargé d’enquêter sur l’attentat d’un ferry à la Nouvelle Orléans qui a causé la mort de plus de 500 personnes. C’est alors qu’il suit la piste du cadavre d’une jeune femme repêchée juste avant l’attentat, que Doug Carlin est approché par FBI pour être intégré dans une toute nouvelle cellule secrète. Cette équipe a mis au point une machine capable de projeter les évènements du passé. On peut ainsi visionner tous les faits qui se sont déroulés il y a quatre jours, 6 heures…sans pouvoir malheureusement revenir dessus. C’est grâce à cet appareil que Doug Carlin et son équipe vont tout faire pour réussir à identifier et localiser le responsable du massacre…
 
Avant toute chose je tiens à prévenir les lecteurs que vu l’énorme tentation de faire des jeux de mots et autres traits d’humour sur le titre du film, je vais y succomber allègrement. Alors toute mes excuses pour la gêne occasionnée. 
 
Avant toute chose je tiens à prévenir les lecteurs que vu l’énorme tentation de faire des jeux de mots et autres traits d’humour sur le titre du film, je vais y succomber allègrement. Alors toute mes excuses pour la gêne occasionnée. Qu’est ce que je vous avais dis ?
 
Bon revenons à nos moutons… c'est-à-dire le dernier film de Tony Scott Déjà vu (prononcez Déija vouu…ça fait plus classe) produit par Jerry Bruckheimer qui n’avait rien produit d’intéressant en matière de blockbuster d’action depuis fort longtemps. En fait, depuis 1999 et Ennemi d’état de…bah de Tony Scott justement ! Ce dernier laisse de côté ses expérimentations visuelles dont l’apogée fut sans conteste l’excellent Man on Fire et surtout Domino ce qui ravira les détracteurs du réalisateur. Tony Scott revient dans les rangs du grand nabab Bruckheimer dont la collaboration a plus ou moins été fructueuse au fil des années ayant vu le pire (Top Gun), l’honnête (USS Alabama) et le meilleur (Le flic de Beverly Hills 2, Ennemi d’état). Déjà vu se situe dans la deuxième catégorie celle de l’honnête.
 
Déjà vu se présente donc comme une série B sympathique souffrant d’un scénario certes solide et démarrant fort mais qui reste au bout du compte dans les standards du thriller hollywoodien. En gros narrativement et du point de vue du scénario, Déjà vu c’est… du déjà vu (c’est trop facile mais on s’en lasse jamais), alors que cette histoire d’enquête policière qui progresse à travers l’étude d’images du passé aurait pu donner quelque chose de vraiment intéressant et de neuf (il serait curieux de voir comment une cinéaste comme De Palma aurait traité un tel sujet) si le scénario avait exploité l’élément primordial du film dont le titre et toute la campagne de publicité avaient misés dessus : c'est-à-dire l’impression de déjà vu. En effet à aucun moment l’intrigue ne semble le prendre en compte, jamais il n’y est fait référence, jamais les personnages ne ressentent cette impression (même le mot n’est jamais prononcé). Le titre semble plus refléter la sensation du spectateur devant l’apparition d’éléments double. Par exemple l’ambulance détruite qu’on voit dans le présent et dont le personnage de Denzel Washington se servira plus tard dans le passé ou bien les lettres sur le frigo. De ce point de vue le film déçoit un petit peu et laisse perplexe quant à sa logique marketing. Reste un script qui mélange la science fiction (la machine permettant de regarder le passé sous n’importe quel angle, le passage dans le temps) et l’action de manière crédible malgré un manque de cohérence sur toute la fin du film.
 
Par contre côté mise en scène c’est du travail d’orfèvre, Tony Scott remplissant parfaitement son contrat. Comme je l’ai dit plus haut, il oublie ses expérimentations sauvages en revenant à une réalisation plus carrée, moins extrême que ses films précédents et donc plus grand public mais toujours belle. Les effets de montage sont moins présents, la caméra se fait moins tremblante à l’intérieur des plans (en comparaison à Domino le film semble bien sage) mais l’ensemble est toujours servi avec une réelle efficacité aussi bien dans les moments forts et à suspense que dans les moments placides et émouvants. De plus le film bénéficie des décors et de l’ambiance particulière de la Nouvelle Orléans qui donne un cachet supplémentaire à l’ambiance générale. Mais là où Tony Scott prouve qu’il est un petit malin c’est quand il arrive à justifier ces effets (souvent jugés énervant) de mise en scène. Explication : la machine permettant de visionner le passé se présente comme une espèce de salle de montage high-tech. Le technicien est alors libre de zoomer sur un lieu précis, de changer d’angle de vision etc.… de manière instantanée. Lorsque l’on voit ces images du passée, le réalisateur en profite pour user des accélérés et autres effets de montages rapides quand le technicien effectue une opération. Tout comme il avait déjà fait dans Ennemi d’état avec les images des satellites. Une utilisation intelligente d’effets clips, difficilement reprochable à son metteur en scène (ceux qui compare Tony Scott à Michael Bay font une énorme erreur) même pour les plus farouches opposants à ce type de réalisation. Bien que le film ne tienne pas toutes ses promesses il se laisse facilement regarder et on passe un agréable moment. Un bon divertissement bien foutu en somme.
 
Pour faire court : Thriller d’action teinté de science fiction, Déjà vu est une série B correcte visuellement très bien torché par son réalisateur Tony Scott qui prouve une fois de plus qu’il est un très bon artisan en matière de blockbuster dopé. Un peu déjà vu… mais avec un plaisir évident.
 
Pour faire court : Thriller d’action teinté de science fiction, Déjà vu est une série B correcte visuellement très bien torché par son réalisateur Tony Scott qui prouve une fois de plus qu’il est un très bon artisan en matière de blockbuster dopé. Un peu déjà vu… mais avec un plaisir évident. On s’en lasse pas je vous dis !
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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 16:30

Un film de Satoshi Kon
 
Japon (2006)
 
Animation (env. 1h30)
 
Avec les voix de : Megumi Hayashibara, Torû Furuya, Kôichi Yamadera, Katsunosuke Hori, Toru Emori, Akio Ôtsuka…
 
 
 
 
Résumé : Des chercheurs ont mis au point une machine incroyable, appelée la « DC Mini » et destinée aux traitements psychothérapeutique. Cet appareil permet de visionner et d’enregistrer les rêves afin de plonger dans l’inconscient de patients atteints de troubles psychologiques. Mais alors que la « DC Mini » n’est encore qu’a l’état de prototype, elle est dérobée. Les docteurs Tokita et Atsuko Chiba, créateurs de la machine sont très inquiets car mise entre de mauvaises mains elle peut s’avérer très dangereuse. Alors qu'ils mènent l'enquête, des incidents commencent à survenir …
 
Est-ce que la sortie du dernier film de Satoshi Kon sur les écrans français, alors que ses précédentes œuvres Millenium Actress et Tokyo Godfathers n’avaient eu droit qu’a une simple sortie en DVD, prouverait que le réalisateur est enfin reconnu en Occident comme une figure incontournable de l’animation japonaise au même titre qu’un Hayao Miyazaki ? Surement et ce n’est que justice.
 
 
Dès son premier film Perfect Blue en 1999, Satoshi Kon a démontré qu’il avait tout d’un grand et pose les bases de sa thématique principale : celle de la société japonaise. Que ce soit à travers un thriller hitchcockien (Perfect Blue) ou la chronique à la Franck Capra de SDF (Tokyo Godfathers), Satoshi Kon n’a de cesse de scruter la société dans laquelle il vit pour mieux en montrer les fondements mais surtout les maux. Car chez le réalisateur la société japonaise est montrée comme oppressante et difficile à vivre pour ses habitants. Il en va de même dans Paprika et de son héroïne principale, Atsuko Chiba jeune scientifique froide et droite qui utilise son alter ego imaginaire Paprika pour faire des choses qu’elle ne se permettrait pas dans le monde réel trop strict. Même si le caractère social est présent dans le film il semble moins incisif que les précédentes œuvres. De ce côté-là le film déçoit sensiblement bien qu’on peut voir dans cette histoire d’appareil capable de visualiser les rêves comme une certaine dénonciation du viol du dernier espace de totale liberté par la science. Ici Satoshi Kon s’intéresse plus à une de ses autres thématiques récurrentes celle de la contamination du réel par le rêve et la fiction.
 
 
Une thématique qui va souvent avec la première : dans le cinéma de Satoshi Kon, la société japonaise est tellement pesante qu’elle en oblige ses personnages à perdre le contact avec la réalité au point de ne plus distinguer cette dernière avec le rêve devenant le symbole de ce malaise. Comme dans sa minisérie Paranoïa Agent (l’une des meilleures séries d’animation japonaise de tout les temps), à laquelle on peut vraiment rapprocher le film, il est difficile de faire la différence entre le réel et le rêve, l’un intervenant dans l’autre et vice versa, exprimant ainsi de manière violente les différents traumatismes et frustrations des personnages. D’ailleurs on retrouve dans Paprika, des éléments des précédents films du réalisateur : l’intervention du rêve dans la réalité de Paranoïa Agent dont la fin est très similaire, l’enquête policière de Perfect Blue et le côté tragi-comique de Tokyo Godfathers. Le tout assaisonné de science fiction, de psychanalyse et d’onirisme visuellement imprégné de pop culture japonaise. En résulte un film à la beauté formelle baignée dans une folie (celle des rêves et des cauchemars) tour à tour envoûtante et inquiétante. On peut perdre son temps à comparer Paprika à Lynch, Gilliam ou encore Hitchcock mais c’est inutile, Satoshi Kon à son propre univers et son cinéma ne ressemble au final qu’à lui.
 
Pour faire court : Un film d’animation visuellement très beau et riche dans son fond. Paprika est un film complexe (il faudra le visionner plusieurs fois pour en apprécier toutes les subtilités) et une nouvelle expérience cinématographique qu’il faut plus ressentir qu’analyser.
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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 15:50
Un film de Robert Altman
 
Titre original : A Prairie Home Companion
 
USA (2006)
 
Comédie dramatique (env. 1h40)
 
Avec: Meryl Streep, Kevin Kline, Virginia Madsen, Woody Harrelson, John C. Reilly, Lindsay Lohan, Tommy Lee Jones…
 
 
 
 
Résumé: Après 30 ans de bons et loyaux services dans l’enceinte du  Fitzgerald Theater, le show radiophonique « A Prairie Home Companion » voit son existence remise en doute. En effet, les nouveaux investisseurs de la radio pourraient arrêter l’émission et fermer le théâtre pour laisser place à un parking jugé plus rentable. Une possible fermeture qui désespère ses artistes qui malgré tout sont bien décidés à continuer le spectacle tout en espérant que ce ne soit pas le dernier…
 
Est-ce que la critique aurait été si élogieuse avec le dernier film de Robert Altman ci ce dernier n’aurait pas tiré sa révérence juste avant sa sortie chez nous ? Il est fort à parier que non. Pas que le film soit mauvais ou même passable, bien au contraire mais il est évident que la mort du maître que fut Altman a permis au film de prendre une autre ampleur, renforçant les qualités du métrage. Car il paraît difficile aujourd’hui de regarder The Last Show (titre prophétique) sans y voir un quelconque parallélisme avec son auteur avec ce portrait à la fois drôle et touchant de ses artistes démodés ayant consacrés toutes leurs existences à leur art. A croire que le réalisateur avait choisit son sujet en sachant que c’était le dernier. Bien sûr il est très facile aujourd’hui d’extrapoler mais certains détails ne peuvent que susciter la comparaison. Comme ce vieux chanteur (interprété par L.Q. Jones) qui après une dernière prestation rend l’âme dans sa loge sur fond de vieux standards musicaux. The Last Show sonne donc comme un dernier chant du signe dans lequel Robert Altman reste fidèle à son style et signe une œuvre somme empreinte de nostalgie. Comme à son habitude Altman démontre son incroyable talent de dirigeant d’acteurs en offrant un très beau film choral, servi par un casting de choix (emmené par Meryl Streep) venu pousser la chansonnette, dont la mise en scène aérienne permet de mieux percevoir les coulisses derrière le spectacle et faire ressortir les véritables traits de ses  personnages qui cachent leur être sous un masque. Une multitude de personnages imparfaits, ringards voir ridicules…mais également drôle et attachants. Des artistes qui malgré les tempêtes et les modes, sont toujours là et essayent de donner le meilleur d’eux-mêmes à chaque représentation dans le but unique de distraire le public qui ne voit pas les tragédies et les peines du métier. A l’image de son auteur qui malgré l’âge aura su prouver qu’il était encore l’un des meilleurs réalisateurs américains, capable encore de livrer quelques unes de ses plus grandes œuvres (Godsford Park). Robert Altman aura ainsi appliqué jusqu’au bout le message de son dernier film à sa vie artistique. Un message simple : « the show must go on ».
 
 
Pour faire court : Le maître nous a quittés en nous laissant sa dernière œuvre, The Last Show qui peut figurer sans problème dans le haut du panier de sa brillante carrière. Adieu monsieur Altman et encore merci pour tout.
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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 16:07
Un film de Martin Scorsese
 
Titre original : The Departed
 
USA (2006)
 
Policier (env. 2h30)
 
Avec: Leonardo di Caprio, Matt Damon, Jack Nicholson, Vera Farmiga, Mark Walhberg, Martin Sheen, Alec Baldwin…
 
 
 
 
Résumé: Franck Costello est le parrain cruel et impitoyable de la mafia irlandaise de Boston. La police d’état décide d’infiltrer son gang pour réussir à démanteler son réseau et le mettre derrière les barreaux. Ils choisissent pour cela le nouvel agent Billy Costigan qui reste dans l'anonymat le plus total au sein du sevice. Mais ils ignorent que Franck Costello à fait de même : Colin Sullivan un jeune officier recueilli par Costello dès son enfance, est engagé dans la section d’élite à partir de laquelle il renseigne son mentor des actions de la police. Très vite chaque camp soupçonne la présence d’une taupe à l'intérieur de son groupe, obligeant chacun des infiltrés à débusquer l’autre le premier…
 
En 2004, sortait enfin au cinéma en France Infernal Affairs, le polar Hongkongais nouvelle génération d’Andrew Lau qui avait revigoré le cinéma local en perte de ses moyens depuis la rétrocession. En très peu de temps Infernal Affairs est devenu une référence pour les amateurs du cinéma chinois mais aussi pour tout cinéphile qui se respecte. Grâce à un scénario terriblement génial (deux taupes doivent se démasquer l’un avant l’autre) véritable jeu du chat et de la souris impitoyable, le film arrivait à créer un suspense imparable avec seulement deux téléphones portables à la place de fusillades hyper chorégraphiées, figure de style devenue trop indissociable du genre. Du pain béni pour Hollywood en véritable panne scénaristique depuis quelques années, se réfugiant dans la facilité en produisant à outrance des suites et des remakes de leurs propres classiques mais également ceux des autres. Et en particulier les grands succès étrangers, y compris ceux d’Asie dont Hollywood ne cesse d’aligner des remakes « américanisés » et fades (Ring, Dark Water, Kaïro… et bientôt Old Boy). Il n’est donc pas étonnant de voir débarquer sur nos écrans le remake américain d’Infernal Affairs seulement quatre ans depuis sa toute première sortie.
 
Les infiltrés n’aurait pu être qu’un vulgaire remake insipide et inutile (l’original se suffisant à lui-même) comme tant d’autres. Oui mais voilà ce n’est pas n’importe quel tâcheron qui est aux commandes du projet mais Martin Scorsese, excusez du peu ! Une différence de taille qui permet au film, même s’il ne surpasse pas l’original, d'être un remake plus qu’irréprochable du film d’Andrew Lau. Le scénario de William Monahan (Kingdom of Heaven) reprend la trame initiale et les scènes clés de l’original (le meurtre du personnage de Martin Sheen, la filature dans le cinéma, tout le final…) à laquelle Scorsese va implanter son style et ses thématiques. Ainsi le début de l’original est prolongé à l’extrême (il faut presque attendre une vingtaine de minutes pour voir apparaître le titre !) permettant de développer la relation mentor/élève entre Franck Costello (Jack Nicholson impérial) et Colin Sullivan (Matt Damon), une relation absente ou du moins peu développée dans Infernal Affairs. Scorsese prend son temps (le film dure environ 1h de plus que l’original tout de même) pour présenter et installer les personnages dans l’arène où va se jouer une véritable tragédie grecque aux allures christiques : de par le parcours de son personnage principal Billy (Leonardo di Caprio qui prend de plus en plus d’assurance et de maturité), véritable sacrifié à la cause de la justice, sorte de Jésus des temps modernes (il fracasse la tête d’un truand avec le portrait du Christ) confronté au diable en personne, représenté par Jack Nicholson, et à un Judas représenté par Matt Damon très crédible en pourri, qui à l’inverse du film original ne connaîtra pas la rédemption. Si le film de Scorsese perd le rythme trépidant de son prédécesseur, il gagne en symbolisme et en profondeur (bien qu’Infernal Affairs ne néglige pas l’aspect psychologique de ses personnages), le but de Scorsese n’étant pas de faire un vulgaire copier/coller de l’œuvre originale mais de proposer une œuvre différente et personnelle.
 
Après avoir revisiter son New York nocturne (A tombeau ouvert), s’intéresser au bouddhisme (Kundun) et signer des œuvres hollywoodienne classieuses (Gangs of New York, Aviator), Scorsese revient donc dans l’univers de la mafia qu’il n’avait plus abordé depuis Casino en 1996. Cette foi-ci ce n’est plus la communauté italo-américaine qu’il décrypte mais irlando américaine, une communauté qu’il a beaucoup fréquentée durant sa jeunesse. Le réalisateur fait du neuf avec du vieux, car Scorsese semble retrouver une certaine jeunesse rappelant la réussite de Les Affranchis avec son utilisation de la musique souvent copiée jamais égalée et ses dialogues crus à base de jurons. Si la réalisation d’Infernal Affairs (inspirée de celle de Micheal Mann) était impeccable, Andrew Lau n’est pas Scorsese. La mise en scène de ce dernier, sur fond de musique des Rolling Stones, étant tout simplement brillante. A la réalisation froide et carré de son confrère Scorsese oppose une mise en scène rigoureuse du chaos qui traverse le film (on peut largement préférer le titre original The Departed, « les défunts » traduisant mieux l’esprit du film que le titre français trop facile), tout comme l’avait fait un de ces maîtres Akira Kurosawa avec Ran. Le réalisateur en profite également pour rendre un hommage à la fois discret et appuyé à un autre de ses maîtres Howard Hawks et son Scarface (comptez les croix qui apparaissent dans le film). Les infiltrés est un excellent polar dont on pourra certes dénoncer le manque d’originalité (vu son statut de remake) mais qui au final arrive à retenir l’attention. Quant à Scorsese, il prouve une fois de plus qu’il reste un des meilleurs réalisateurs issus du nouvel Hollywood encore en activité.
 
Pour faire court: Un remake différent et digne de l’original où Scorsese reprend la trame principale pour y rajouter ses obsessions personnelles. Le tout épaulé par une mise en scène brillante et un casting impeccable. Mission (impossible ?) accomplie.
 
Voici juste pour le plaisir des yeux les très belles affiches américaines du film.
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30 novembre 2006 4 30 /11 /novembre /2006 13:07
Un film de Paul Verhoeven
 
Titre original : Zwartboek
 
Hollande (2006)
 
Guerre, Thriller, Action (env. 2h25)
 
Avec: Caprice van Houten, Sebastian Koch, Thom Hoffman, Halina Rejin, Waldemar Kobus, Derek de Lint…
 
 
 
 
Résumé: Hollande 1944, Rachel Steinn une jeune juive se cache à la campagne. Mais son abri est détruit par les bombes alliées. La jeune femme se retrouve obligée de quitter le pays. Avec l’aide de passeurs, elle et toute sa famille embarquent sur une péniche pour se réfugier en Belgique. Sur le trajet ils sont interceptés par les allemands qui les massacrent jusqu’aux derniers. Rachel s’en sort miraculeusement. Très peu de temps après elle rejoint la résistance hollandaise et tente d'infiltrer le camp nazi par tous les moyens…
 
6 ans ! C’est le temps qui s’est écoulé depuis le dernier film de notre réalisateur hollandais préféré. Depuis L’homme sans ombre, où le « hollandais fou » avait épuisé toutes ses cartouches au sein d’Hollywood. Pas que le film soit honteux en soi mais après l’énorme coup de pied en plein dans les burnes que fut Starship Troopers, il paraît bien sage. Les producteurs ayant eu finalement raison du bonhomme, Verhoeven se devait de quitter Hollywood au risque de se voir obligé de jouer les tâcherons pour des films de seconde zone. Et le voilà maintenant qui revient dans son pays natal, ce même pays qui dans les années 80 l’avait rejeté lui et son cinéma jugé trop subversif et décadent. Un retour aux sources que l’on attendait avec impatience et qui aujourd’hui nous arrive sous le nom de Black Book. Attention Paulo is back !
 
Paul Verhoeven nous revient avec un film de guerre ayant pour cadre la résistance hollandaise durant la seconde guerre mondiale. Sujet qu’il avait déjà abordé en 1977 avec Soldier of Orange. Contrairement à ce dernier Black Book ne traite pas de l’héroïsme de la résistance mais propose une vision plus ambiguë de celle-ci : en effet, difficile de considérer n’importe quel personnage du film comme étant des héros. A commencer par son personnage principale (sublime Caprice van Houten), résistante juive qui finit par tomber amoureuse d’un officier allemand, ce même officier dont la famille à été bombardée par les alliées, est loin d’être un réel salaud bien au contraire… Chez Verhoeven rien n’est tout blanc ou tout noir mais gris. Dans Black Book, tous les rôles sont interchangeables, le héros de la résistance pouvant très bien devenir du jour au lendemain un espion nazi et vice et versa. Quand résistant rime avec collabo… Au point que s’il n’y avait pas les costumes pour nous renseigner sur qui est qui, on hésiterait sûrement pour savoir quel camp choisir (un peu comme dans Starship Troopers où les humains n’étaient pas plus rassurant que les insectes). Le mal est partout et peut toucher tout le monde. Même les idéologies douteuses finissent par se rejoindre comme dans cette scène où croyant que Rachel a trahi la résistance, une femme balance « Elle a fait ça pour l’argent c’est bien les juifs ! ». Verhoeven continue donc de briser les tabous au profit d’une réalité moins propre (la joie de la libération laisse très vite la place à la tonte des femmes et à l’humiliation de « prétendus » collabos par de « prétendus » résistants). Mais le réalisateur ne juge jamais, il se fait juste l’observateur d’une période de l’histoire où le seul but des protagonistes était la survie avant tout. Un parti pris qui rappelle celui de L’armée des ombres de Melville.
 
Black Book c’est aussi un brillant récit d’aventure, d’espionnage et d’action qui défile à rythme qui ne faiblit jamais (on ne voit pas passer les 2h30 du film), tant l’intrigue est riche en rebondissements et en retournements de situations. Au programme trahisons, fusillades, exécutions, évasions, missions suicides à foison. Une efficacité due à une narration hollywoodienne reprenant les ingrédients des grands films d’espionnage de l’époque. Le réalisateur rend un bel hommage à ces pères (David Lean et Alfred Hitchcock) en signant un film d’aventure à l’ancienne réjouissant, mais à sa sauce bien évidemment : même si le film est loin des délires gore d’un Total Recall, la violence montrée sans artifice, est omniprésente durant tout le film. Celui qu’on surnomme le « fou hollandais » a vieilli et s’est assagi avec le temps mais sa verve est toujours intacte. En témoigne son goût pour les jeunes femmes dénudées, le réalisateur ne se privant pas de montrer sans aucunes gêne les atouts féminins de son héroïne. On pense évidement à Showgirls et Basic Instinct (la scène où Rachel se teint les poils pubiens) et à leurs profusions de sexe débridé. Au final, Black Book est un somptueux film d’espionnage et d’aventure doté d’une reconstitution fidèle et très bien documenté, doublé d’une vision péssimiste sur la nature humaine en temps de guerre. Quand l’efficacité hollywoodienne rencontre l’identité européenne on appelle ça avoir le beurre et l’argent du beurre et on ne peut que s’en réjouir.
 
Pour faire court : Ça ressemble à un film de Paul Verhoeven, ça a le goût, la virulence, le culot d’un film de Verhoeven. Ça tombe bien c’est un film de Verhoeven. Bienvenue à la maison Paulo !
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27 novembre 2006 1 27 /11 /novembre /2006 19:07
 Un film de Richard Linklater
 
USA (2006)
 
Drame (env.1h54)
 
Avec : Greg Kinnear, Catalina Sandino Moreno, Luiz Gusman, Patricia Arquette, Bruce Willis, Ethan Hawke, Kris Kristofferson…
 
 
 
 
 
Résumé: La chaîne de fast-food "Mickey’s" est une entreprise comblée et il y a de quoi :depuis son récent lancement, leur nouvel hamburger « Big one » est un véritable succès. Toute l’Amérique se l’arrache. Mais Don Henderson responsable marketing chez Mickey’s, apprend par son supérieur qu’une étude indépendante démontre que la viande contient un taux réellement élevé de matière fécale. Il est envoyé à l‘usine qui approvisionne toute la compagnie. Là bas il va découvrir une sombre réalité…
 
Le film débute par la vision de familles heureuses et souriantes, d’une équipe de baseball junior réunis pour fêter la victoire du dernier match, une bandede jeunes à l’air cool venu se détendre après le lycée, tous réunis autour de leurs hamburgers. Des images qu’on croirait tirées d’une mauvaise publicité pour une célèbre marque de fast-food. Très vite le réalisateur va substituer cette scène pour faire place à des images bien moins « glamour ». Bienvenue dans l’envers du décor: celle d’une compagnie sans scrupules qui sous prétexte de rentabilité, contamine la viande quelle vend. Celle d’immigrés clandestins mexicains venus chercher le rêve américain et qui ne trouvent que l’esclavage moderne. Des jeunes adolescents dont le seul avenir possible est de travailler dans ces grandes chaînes de restauration rapide qui contrôlent leurs moindres faits et gestes… toutes des victimes plus ou moins directes d’une industrie déshumanisée. Fast Food Nation se veut être un pamphlet virulent et peu ragoûtant du modèle alimentaire américain et du capitalisme à outrance. De ce côté-là mission accomplie, le film est vraie réflexion pessimiste dont le but est de nous dégoûter de la « malbouffe » à vie. On repensera sûrement à la scène des abattoirs lorsque l’on aura notre prochain Big Mac entre les mains. Là où le film peine c’est dans sa narration pas toujours maîtrisée et son côté trop moralisateur qui à grand coup de discours pompeux et pré mâchés, servis par des stars ralliées à la cause venues faire une petite apparition dans le film, plombe en partie son propos. Le réalisateur aurait énormément gagné à laisser parler les images de son film qui se suffisent à elles-mêmes. Reste la vision désespérante d’une population prise dans les rouages d’un système qui a échappé à tout contrôle, véritable monstre vivant qui semble avaler tout ce qui se trouve sur son passage, ayant pour simple but d’engendrer toujours plus de fric. Le Germinal de la « malbouffe ».
 
Pour faire court : Une charge sans concession sur la « malbouffe » et ses conséquences sur la population. Hélas trop souvent démonstrative pour pleinement convaincre. 
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26 novembre 2006 7 26 /11 /novembre /2006 17:38
Un film de Joon-ho Bong
 
Titre original : Gwoemul
 
Corée du Sud (2006)
 
Fantastique, Comédie (env. 1h59)
 
Avec : Song Kang-Ho, Bae Donna, Hae-il Park, Byeon Hie-bong, Ah-sung Ko…
 
 
 
 
 
Résumé : Dans une base militaire américaine située en Corée du sud, un jeune médecin est chargé par son supérieur occidental, de jeter dans l’évier de vieux produits chimiques hautement toxiques. Quelques années plus tard, aux bords de la rivière Han, surgit un monstre géant qui attaque la population. Dans la panique générale, Gang-du Park perd sa fille Hyun-seo qui est kidnappée par le monstre. Alors que celle-ci est bien vivante prisonnière dans les égouts de Séoul, les autorités la laisse pour morte. Au même moment, des responsables américains prennent le contrôle des opérations, prétextant des dangers d’un virus dont le monstre serait porteur. Mais pour Gang-du et toute la famille Park la priorité est d’aller chercher Hyun-seo…
 
Depuis sa projection à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année, The Host ne cesse de faire parler de lui. Le film se trimballe une réputation tellement élogieuse qu'il ne peut que susciter l’attente la plus vive. Heureusement pour le spectateur français, il ne faudra pas patienter des années avant de voir l’objet en question ou de le découvrir directement en DVD. The Host connaît aujourd’hui les honneurs d’une sortie en salles dans nos contrées, pour notre plus grand plaisir. Le film se présente avant tout comme un vrai film de monstre, digne héritier des « kaiju eiga », les films japonais de monstres géants issus des années 50 tel que les Godzilla et consorts. Le scénario reprend en gros tous les éléments inhérents au genre : la première attaque du monstre, l’intervention de l’armée… De ce point de vue le film est très réussi, le réalisateur faisant preuve d’une réelle efficacité dans l’horreur, lors des apparitions de la créature au superbe design (dévoilée au bout de seulement un quart d’heure). Soutenu par des effets spéciaux de haute tenue pour un film asiatique (les effets furent confiés à une société américaine) et vu le budget (11 millions de dollars, pas énorme comparé à des superproductions américaines) le film réjouit par ses qualités plastiques. Mais le film réserve bien d’autres surprises.
 
The Host est donc bien un film de monstre mais c’est aussi une vraie comédie. En effet, tout comme Memories of Murder, la chose qui surprend le plus à la vision du film c’est bien son côté comique voire parodique qui traverse son ensemble. Du comique qui intervient entre les moments angoissants ou tragiques mais également à l’intérieur même de ces mêmes scènes. Il faut voir lors de la première attaque de la créature, le personnage principal Gang-du se rendre compte qu’il ne tient plus la main de sa fille mais celle d’un autre. Un grand moment de drôlerie alors que la situation est tout ce qu’il y a de plus dramatique. Un parti audacieux et franchement casse gueule puisque la comédie aurait pu désamorcer de façon trop intense les séquences effrayantes au point de les rendre ridicules. Pourtant il est surprenant de voir que cela fonctionne parfaitement, le film alterne sans répit les moments drôles et inquiétants sans que l’un n’entrave sur l’autre. Une véritable prouesse. Le film sait aussi se montrer émouvant grâce aux personnages de la famille Park, véritable bande de bras cassés à la fois désopilante et émouvant (en particulier l’acteur Song Kang-ho formidable), des gens ordinaires qui se trouvent obligés d’affronter l’extraordinaire. C’est par cette famille unit dans l’adversité, véritable catalyseur des maux de la société coréenne (le personnage du jeune frère sans emploi alors qu’il a contribué à la démocratisation du pays) que le réalisateur exprime toute son ironie sur notre monde.
 
Comme dans ses films précédents il utilise les conventions du genre pour mieux délivrer son message. Dans Barking dogs never bite il utilisait la comédie pour montrer le monde du travail, dans Memories of Murder c’était le polar pour évoquer la dictature militaire de son pays. Ici c’est un message écologique (pas étonnant car le kaiju eiga a toujours eu un sous texte écologique, le premier Godzilla dénonçait les dangers de la bombe atomique) et politique qui s‘exprime à travers le monstre victime de mutations causées par l’homme et ses actes irresponsables. Irresponsable c’est bien le mot qui caractérise les autorités dans le film : que ce soit l’américain qui fait jeter des produits toxiques dans la rivière Han ou les autorités locales impuissantes qui n’arrivent pas à gérer la crise provoquée par le monstre, s’en remettant aux américains qui en profitent pour prendre les commandes du pays. Une image à peine voilée de ce que nous vivons aujourd’hui. Comment ne pas y voir la représentation des américains envahissant un pays sous couvert de protéger le monde du terrorisme (le monstre pouvant symboliser Ben Laden) à l’aide de preuves bidons (le virus qui n’existe pas faisant échos aux fictives armes de destruction massive en Irak) pour au final se retirer en avouant qu’il n’y avait en définitive rien ? Même si d’après le réalisateur son but premier était de faire référence à des éléments propres à la société coréenne, difficile pour nous occidentaux de ne pas y voir une satire de l’administration Bush. Une satire dure et féroce (et avouons-le, caricaturale il est vrai) de cette Amérique « gendarme du monde libre » et contre le gouvernement coréen entièrement asservi face à eux. Au bout du compte le film aura réussi l’exploit fou de faire cohabiter le fantastique, le drame familial, la comédie satirique et les gags burlesques dans un seul et même film. On attend avec impatience le prochain film du réalisateur pour savoir quel genre il va pulvériser.
 
Pour faire court : Mélange étonnant de drame et de pure comédie, le tout assaisonné d’un message politique virulent. Une nouvelle fois Joon-ho Bong dynamite le genre auquel il s’attaque (le film de monstre) tout en lui étant respectueux. Une claque !
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25 novembre 2006 6 25 /11 /novembre /2006 17:10
Crée par Alan Ball
 
Réalisateurs : Alan Ball, Rodrigo Garcia, Michael Cuesta, Alan Taylor, Miguel Arteta Kathy Bates…
 
USA (2001 – 2005)
 
Drame, Fantastique, Comédie… (63 épisodes - Format 42mn)
 
Avec: Peter Krause, Michael C. Hall, Frances Conroy, Lauren Ambrose, Freddy Rodriguez, Matthew St Patrick, Rachel Griffiths, Jeremy Sisto…
 
 
 
 
Résumé: La vieille de Thanksgiving, Nathaniel Fisher, directeur d’une société familiale de pompes funèbres, meurt d’un accident de voiture. Sa mort va bouleverser la vie de toute sa famille. A commencer par ses deux fils : Nate qui a fuit le domicile familial pour échapper à la profession de croque-mort, David qui dissimule son homosexualité. Sa femme, Ruth qui entretenait une relation amoureuse avec son coiffeur et sa fille Claire, jeune adolescente rebelle…
 
Difficile de se rappeler après avoir vu Six Feet Under, les séries qui ont marquées notre esprit à ce point. Pourtant c’est facile : aucune ! Oui aucune série n’avait à ce point permis une implication émotionnelle aussi forte chez le spectateur. Et ce malgré la profusion de séries T.V, de très grande qualité, que nous voyons débarquées sur nos écrans depuis environs 6 ans (un véritable âge d’or). Six Feet Under est LA plus grande série de tous les temps et sûrement pour très longtemps. Ce qui fait de la série un chef-d’oeuvre télévisuel mais également un chef-d’œuvre tout court.
 
Crée par Alan Ball, le scénariste de l’excellent American Beauty, la série met en scène un décor pour le moins original, celui des pompes funèbres. Loin de coller à l’image que l’on peut se faire de la profession, qui n’avait jamais vraiment été traitée à la télévision (même au cinéma d’ailleurs), Alan Ball procède à une étude minutieuse du métier. Ainsi la série tout le long de son existence, va décrire avec minutie tous les aspects de la profession : préparatifs, embaumement, cérémonies, enterrements, incinération… Un souci du détail et une approche très naturaliste unanimement salués par la profession pour son réalisme. La série prenant un aspect clinique quand il s’agit de montrer les cadavres et leur réparation, lorsqu’elle est nécessaire. C’est lors de ses (nombreuses) scènes, qui auraient pu donner une apparence glauque à l’ensemble de la série, mais bien au contraire Alan Ball et ses collaborateurs ont réussis à l’éviter grâce à son approche réaliste qui n’occulte jamais la violence et une approche toujours respectueuse envers les morts et ceux qui les préparent. Un mauvais goût évité donc, même lorsque ses séquences se permettent de jouer sur l’humour (l’épisode du pied).
 
Bien que Six Feet Under soit « réaliste » cela ne l’empêche pas d’alterner, avec une aisance et une cohérence qui confine au génie, les tons et les genres. A l’image de toutes les morts qui ponctue chaque début d’épisode : un épisode, une mort. Des morts qui permettent à leurs scénaristes, d’imaginer toutes sortes de façon de mourir, de la plus tragique (le nouveau né victime de mort subite) à la plus ridicule (le type qui s’écrase avec sa propre voiture alors qu’il est au volant). Une totale liberté de tons qui permet de naviguer entre le drame, la comédie, la mélancolie, la nostalgie, le loufoque, la tragédie…et même le fantastique, avec les apparitions fantomatique de certains personnages (essentiellement l’acteur Richard Jenkins dans le rôle de Nathaniel Fisher), qui permettent de dévoiler les sentiments intérieurs de la famille Fisher mais aussi de les faire progresser, de les pousser à agir. Une multitude de tons qui s’imposait, vu les nombreuses thématiques de la série. La mort bien sûr mais aussi la vie…et tout ce qu’il y a au milieu.
 
Six Feet Under, c’est tout ça à la fois et bien plus encore. A travers la vie de cette famille américaine typique, Alan Ball nous fait réfléchir sur notre propre existence, notre mortalité mais aussi sur le monde dans lequel nous vivons, un monde fait de doutes, de peurs, de peines mais aussi de joie, de bonheur et d’êtres qui nous sont chers… L’auteur évoque aussi bien les questions existentielles propres à chacun d’entre nous (le sens de la vie, le bonheur, la famille, les amis, la religion, le sexe…) que les sujets d’actualités et autres tabous (la guerre en Irak, l’homosexualité, l’adoption, l’avortement…). Une richesse thématique incroyable qui ne cède jamais à la facilité et permet à la série de se renouveler sans cesse. Le tout associé à une écriture admirable, des dialogues croustillants, un visuel de toute beauté (on a plus l’impression de regarder un film qu’une série) et des personnages tous plus attachants les uns que les autres. Une quantité de personnages qui nous semblent terriblement proches et familiers, qui ont des qualités mais aussi des défauts, des faiblesses, des personnes qui cachent leur vraie nature aux yeux de leurs proches, prennent des mauvaises décisions au cours de leur vie, qui sont en quête d’un bonheur idyllique et illusoire…des êtres humains quoi. Nate, David, Ruth, Claire, Keith, Brenda, Billy… c’est moi, c’est vous, c’est tous les autres. Rarement on aura poussé aussi loin l’empathie qu’envers ces « héros » ordinaires, interprétés par des comédiens formidables et étonnamment naturels dans leurs rôles respectifs (des rôles qui risquent de leurs coller à la peau pendant très longtemps).
 
Mais l’un des grands mérites de la série aura été d’avoir su s’arrêter à temps et ce malgré son succès perpétuel. Un arrêt au bout de cinq ans qui aura permis à la série de conserver une qualité constante et de ne jamais connaître de baisses de régime que malheureusement trop de séries connaissent à trop vouloir surfer sur le succès. Cinq années auront été nécessaires pour qu’Alan Ball et ses collaborateurs puissent raconter tout ce qu’ils avaient à dire et amener les personnages là où ils voulaient qu’ils aillent. Il ne restait plus qu’à conclure la série en apothéose. Et quelle fin ! On n’est pas près d’oublier les images de Claire filant sur la route (symbole du personnage se dirigeant vers son destin), entremêlées avec celles des fins de vie des personnages, sur fond de la sublime chanson Breathe Me de Sia. Un dernier adieu à ces personnages qui nous ont émus, que l’on a aimé et qui d’une certaine manière ont fait partie de nos vies. Un fin bouleversante et incomparable qui fera fondre n’importe quel cœur de pierre (rien que d’y repenser j’en ai une petite larme), qu’on applaudit débout des deux mains tellement la conclusion est ébouriffante. Reste plus qu’à remercier Alan Ball et tous ceux qui ont contribués de près ou de loin ce monument de la télévision qu’est Six Feet Under. Une série qui en ayant toujours su éviter les standards télévisuels, nous aura appris à mieux accepter la mort et ses conséquences pour mieux nous montrer la chose à laquelle nous devons attacher le plus d’importance…l’instant présent. Bravo !
 
Pour faire court : La meilleure série T.V de tout les temps ! Que dire d’autre ?
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23 novembre 2006 4 23 /11 /novembre /2006 20:39
Un film de Martin Campbell
 
USA (2006)
 
Action, Aventure (env. 2h18)
 
Avec : Daniel Craig, Eva Green, Mads Mikkelsen, Judi Dench, Jeffrey Wright, Giancarlo Giannini, Isaac de Bankolé, Caterina Murino, Simon Abkarian, Sebastien Foucan…
 
 
 
 
Résumé: Devenu tout récemment un double zéro, l’agent britannique du MI-6, James Bond déjoue de justesse le complot boursier du Chiffre, un puissant banquier privé du terrorisme international. Ayant tout perdu, ce dernier décide de jouer l’argent de ses clients dans une partie de poker à haut risque au Casino royale situé au Monténégro. James Bond est désigné par M pour l’affronter durant la partie. Il est accompagné par Vesper, chargée de surveiller l’argent du gouvernement britannique, qui ne laisse pas Bond indifférent. Alors qu’un lien profond semble les unir, tous les deux devront tout faire pour éviter les attaques répétées du Chiffre et tout faire pour gagner la partie, au risque de voir le terrorisme financé par le gouvernement de sa majesté…
 
Alors que notre espion préféré semblait sentir le sapin lors de sa dernière aventure (la voiture invisible, franchement n’importe quoi !), les producteurs de la franchise se devaient de réagir au risque de plomber définitivement le matricule le plus célèbre au monde. Surtout que certains se verrait bien lui ravir la place (Triple X par exemple…ha ha ha… pardon). Une réactualisation du personnage et de la saga entière s’imposait donc. C’est chose faite avec ce nouveau Casino Royale rafraîchissant à souhait.
 
Les producteurs font alors le choix judicieux de revenir à la source du mythe qu’est James Bond en adaptant sa première aventure Casino Royale, déjà adaptée en 1967, mais le film était plus une parodie kitsch qu’une vraie aventure de l’espion. Casino Royale revient donc sur les origines de Bond, plus précisément ses débuts au MI-6 et sur l’obtention de son matricule. On assiste alors aux premiers assassinats de l’agent secret. Une introduction en noir et blanc sèche et nerveuse qui contraste énormément avec les précédents films. Bond apparaît alors comme un homme froid, dur, plus insensible que jamais. Une facette rarement abordée jusqu'à maintenant dans les précédents opus, qui enrichit considérablement le personnage. Qui dit nouveau Bond dit nouvel acteur. Si le choix de Daniel Craig pouvait surprendre voire même faire peur, après la vision du film plus aucun doute n’est permis : Daniel Craig EST James Bond, l’acteur se trouvant convaincant aussi bien dans l’action que dans le flegme du célèbre agent secret. A un tel point qu’il semble le meilleur interprète de Bond, après bien évidemment le seul acteur qui incarne à lui tout seul 007 (Sean Connery forever).
 
Maintenant que le problème de l’interprète est résolu il faut s’attaquer au contexte. Car il est bien loin le monde bipolaire de la guerre froide où tout était simple (russes méchants – américains gentils), le monde d’aujourd’hui est plus compliqué, aux multi facettes, régi par de nouvelles peurs communes (le terrorisme), surtout depuis le 11 septembre, auquel il est directement fait allusion. Fini l’époque où le méchant mégalomane voulait conquérir le monde, aujourd’hui il est remplacé par un méchant aux ambitions plus contenues (l’argent), fini le temps où celui-ci était un intouchable, ici il est un banquier qui peut être la victime de ses clients mécontents. Pareil pour son homme de main dont le scénario ne prend même plus la peine de s’intéresser (il abattu hors champ par un autre que Bond). Et les James Bond Girls ne sont pas en reste, en ces temps où les femmes prennent le pouvoir (sans faire de machisme) elles ne peuvent plus se permettrent de n’être que des belles coquilles vides (à noter l’absence au générique, de toute silhouette féminine) servant docilement le héros. Ce n’est plus la femme qui sort de l’eau en petite tenue mais c’est le héros lui-même qui s’en charge (désolé messieurs). Le film se permet même de parodier la bimbo, à travers le rôle joué par Caterina Murino (la pauvre n’a pas l’air de se rendre compte que le film se moque d’elle). Il faut voir sa première apparition dans le film,  galopant à cheval sur la plage (on pense à la pub 9 Télécom). La bimbo n’a plus sa place dans les James Bond et on nous le fait sentir très vite (elle disparaît au bout de dix minutes), elle fait place à une femme forte, autonome, qui ne se laisse pas charmer facilement (Eva Green superbe et émouvante). Sa relation avec Bond est au cœur du film et nous porte là où aucun James Bond ne nous avait emmené. Nous permettant de connaître un peu mieux 007 (il serait orphelin). Un lifting radical qui s’applique également pour les séquences d’action.
 
Et question action le film n’en manque pas. Comme toujours les scènes sont nombreuses et ponctuent l’ensemble du film. Le changement se trouve dans la disparition des gadgets loufoques pour laisser place à un certains réalisme. Exit donc la voiture équipée comme un tank (d’ailleurs l’Austin a une durée de vie égale à celle de Murino). Exit l’action qui misait sur les effets spéciaux digitaux moches comme tout de Meurs un autre jour, place aux bonnes vieilles cascades en live qui ont toujours fait leurs preuves. L’action du film est brute et sèche, plus violente que d’habitude. A l’image du début du film et de cette superbe où s’enchaînent à un rythme effréné une course poursuite à pied dans un chantier pour finir dans une ambassade avec fusillades et autres explosions en tout genre. Le réalisateur veut nous en mettre plein la vue et ça marche. On est soufflé par le spectacle que l’on vient de voir (même si le film subit quelques baisses de régime) et par ce sentiment de nouveauté insufflé à la franchise. Pour conclure le film en beauté, il ne reste plus qu’à Daniel Craig de lancer la réplique qu’on attend depuis le début « My name is Bond…James Bond » et à la musique originale (absente jusque là) de démarrer. Ca y est, le mythe (re)prend vie.
 
Pour faire court : Mélangez un Daniel Craig convaincant avec une « fausse » James Bond girl aussi cérébrale que sexy. Secouez avec un scénario se débarrassant des clichés de la franchise tout en gardant les bases qui ont fait sa réputation. Servez le tout avec une bonne dose de scènes d’action à l’ancienne et vous obtenez un James Bond revigorant comme un Martini servi au shaker.
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