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21 novembre 2006 2 21 /11 /novembre /2006 16:04
Un film de Darren Lynn Bousman
 
USA (2006)
 
Horreur (env. 1h47)
 
Avec: Tobin Bell, Shawnee Smith, Angus Macfayden, Bahar Soomekh, Dina Meyer, Donnie Walhberg…
 
 
 
 
Résumé: Tandis que la police est toujours à la recherche de l’inspecteur Eric Matthews, un cadavre est  retrouvé, victime semble t-il d’un des pièges mortels du Jigsaw. Ce dernier, en phase terminal de son cancer, fait kidnapper par sa complice Amanda, le Dr Lynn Denlon, l’obligeant à le maintenir en vie jusqu’à la fin de « l’épreuve » de sa dernière victime. C’est Jeff Reinhart, un homme complètement détruit par la mort de son fils renversé par un chauffard, qui va devoir faire les frais du terrible puzzle qui se met marche. La victime doit subir des épreuves toujours plus dangereuses et impitoyables, qui le mettront face à ses propres démons. Mais comme toujours avec le Jigsaw, tout n’est pas ce qu’il semble être et les victimes vont être nombreuses. Que le jeu commence…
 
Et de 3 ! En a peine deux ans, le thriller horrifique initié par James Wan et Leigh Whannell est devenu une trilogie. Une rapidité qui impressionne autant qu’elle peut laisser dubitatif. Le premier volet était une petite production fauchée, tourné en très peu de temps mais fit la différence grâce à un scénario habile et pervers. Suite à son succès phénoménal, les producteurs se dépêchèrent de lancer une séquelle dans les plus brefs délais, pour miser, sur la encore toute chaude, renommée du premier. Sorti un an à peine le précédent, le deuxième volet souffrait de sa production (trop) précipitée : un scénario qui en majeur partie reposait sur les acquis du premier, tout en misant sur la surenchère (8 personnes piégé pour seulement 2 dans le premier), oubliant de s’intéresser aux personnages (on se fout de ce qu’il peut leur arriver) et perdant la tension et l’impression d’étouffement du premier opus. Si les producteurs n’avaient pas été trop avides, il est probable que les scénaristes auraient pu mettre à profit leurs bonnes idées (toute la fin du film), renforcer la psychologie des personnages et corriger les erreurs du premier film, notamment le montage beaucoup trop « cut » lors des séquences de meurtres. Des défauts de mise en scène, amplifiées dans le deuxième opus. Au bout du compte, le film fut une déception même s’il restait un petit film d’horreur honnête. Lorsque l’annonce de la sortie d’un troisième épisode pour dès l’année suivante fut faite, on pouvait craindre le pire car même si Saw 2 reste un film correct, la qualité avait cruellement dégringolée par rapport au premier. Tout donnait alors à penser que la perte de qualité de la saga ne pouvait que s’accroître au fil des épisodes. Pas si sûr.
 
 
Disons le tout de suite : Saw 3 est meilleur que le précédent, mais n'égale pas la réussite du premier. En résulte un film imparfait mais prenant et jouissif pour tout amateur de gore. Pourtant lorsque l’on voit le début du film on se dit que s’est pas gagné : on commence avec une intro d’auto mutilation qui fait vraiment mal (rien que d’y repenser j’ai la tête qui tourne) donnant tout de suite le ton du film. S’enchaînent alors coup sur coup, deux meurtres bien dégueulasses. Des séquences qui en donnent directement pour notre argent (après tout c’est du sang qu’on est venu voir) mais qui posent un problème. Où est passée l’histoire ? Parce que à ce moment, le film n’est qu’une simple accumulation de scènes gores sans aucun vrai lien entre elles. Un début qui laisse présagé du pire en terme scénaristique. Heureusement après çà l’intrigue commence et ça va beaucoup mieux. En effet, Saw 3, marque le retour de James Wan (co-scénariste et réalisateur du premier opus) aux commandes de la production et ça se sent : officiant en tant que co-scénariste, James Wan arrive avec son compère Leigh Whannell, à revigorer et tonifier leur saga, en corrigeant les erreurs du seconds opus. Cette fois-ci on retrouve la psychologie des personnages (la relation père/fille entre le Jigsaw et Amanda particulièrement intéressante) et une approche émotionnelle qu’on trouvait dans le premier épisode, donnant de la substance et de l’épaisseur au film mais aussi à l’ensemble de la trilogie : le script est particulièrement intéressant puisque les auteurs se permettent de remettre en cause certains acquis des précédents films, à coup de flash-back et de révélations tortueuses qui lient les intrigues des trois opus en seul bloc (bien qu’il faudra regarder les trois films à la suite pour voir s’il n’y a pas des incohérences temporelles). Un parti pris ambitieux et osé mais qui nuit en partie à la narration du film. A trop vouloir alterner le récit avec des flash-back on perd parfois le fil conducteur de l’intrigue. Une intrigue, dont les enjeux se dénouent tout naturellement dans un final renversant. Car comme dans tout Saw qui se respecte, le film se doit de finir sur un twist final et celui-ci ne fait pas défaut à la trilogie. D’ailleurs on peut parler de twists car la fin enchaîne les nombreuses révélations. Si les retournements de situation se montrent malins et réussis (bien qu’on puisse les deviner), ils n’égalent pas le twist final de l’original qui laissait complètement le spectateur sur le c… Comme dans Saw 2, on se dit que c’était bien trouvé, on est surpris mais on se remet très vite de nos émotions. Ce qui va vraiment mettre le spectateur sur les rotules c’est la violence et la perversité du film.
 
 
Et on peut dire que ce dernier volet gagne haut la main la palme du gore et du sadisme. A un tel point qu’on se demande si les créateurs de la saga ne sont pas tout bonnement à enfermer à l’asile, tant les pièges sont tordus : machines infernales en tout genres, congélation humaine, tripes à l’air, arrachages de membres, noyade dans un bain de bouillie de cochons en putréfaction, tordage extrême des bras et jambes (mon préféré)…rien n’est épargné aux victimes du Jigsaw ainsi qu’au spectateur qui sera repus d’une telle abondances de tortures et d’hémoglobine. Le réalisateur étant bien décidé à nous montrer tous les détails qui fon mal (fractures ouvertes béantes…). Saw 3 est donc d’une très grande violence qui n’aura pas laissé le comité de censure indifférent, puisque le film est interdit en France aux moins de 18 ans, une première depuis très longtemps! (la classification X n’est généralement attribuée qu’à des œuvres à caractère pornographique rarement pour leur violence). Une décision radicale qu’on peut considéré comme légèrement exagéré, car même si le film est violent, il aurait pu l’être nettement plus si le réalisateur avait su calmer ses ardeurs : la mise en scène comportent les mêmes défauts que ses prédécesseurs c'est-à-dire de trop nombreux accélérés et un montage hyper « cut » qui  amenuisent l’impact des scènes chocs, Darren Lynn Bousman n’ayant pas retenu la leçon de ses erreurs. Excepté lors de la meilleure scène (en terme de réalisation), celle où le Jigsaw se fait ouvrir la boîte crânienne, lors d’un intervention chirurgicale. Un grand instant de boucherie écœurante, principalement filmé en longs plans chirurgicaux qui permettent de garder toute l’efficacité de la scène. S’il avait appliqué cette mise en scène à toutes les scènes gore, Saw 3 aurait pu être un véritable monument de sadisme encore jamais vu au cinéma et aurait largement mérité l’interdiction dont il est victime aujourd’hui. En l’état, le film reste un sacré moment horrifique, doté d’autant de défauts que de qualités.
 
(Saw 3, un film dénonciateur des dangers du piercing?)
 
Pour faire court : Un troisième volet supérieur au second, même s’il n’atteint pas les hauteurs du premier. Un film d’horreur efficace qui en rajoute dans le gore et le craspec (jusqu'à frôler l’overdose). Attention ça tâche !
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20 novembre 2006 1 20 /11 /novembre /2006 15:43
Un film de Walter Hill
 
Titre original : Johnny Handsome
 
USA (1989)
 
Policier (env. 1h34)
 
Avec: Mickey Rourke, Ellen Barkin, Elisabeth McGorvern, Morgan Freeman, Forest Withaker, Lance Henriksen…
 
 
 
 
Résumé : Après un braquage raté, dans lequel son meilleur ami fut descendu par ses complices, John Sidley, surnommé Johnny belle gueule, à cause de sa difformité au visage, est envoyé en prison. Alors qu’il est admis à l’hôpital, après une tentative d’assassinat, commanditée par ses anciens partenaires, un médecin lui propose de lui rendre un visage humain. L’opération est un franc succès et John est mis en liberté conditionnelle. Travaillant sur les docks, il fait la connaissance de Donna, une employée dont il tombe amoureux, désireuse de le voir reprendre une vie honnête. Mais le désir de vengeance de Johnny est trop fort…
 
Il est amusant de voir comment certains films, avec le temps, prennent une autre dimension, une aura jusque là encore insoupçonnée. Une dimension nouvelle qui permet au spectateur de regarder d’un autre œil l’œuvre et d’y trouver un intérêt inattendu. Johnny belle gueule fait partie de ceux-là. Ce n'est pas que le film de Walter Hill soit devenu, avec l’âge, un chef d’œuvre du polar « hard-boiled » des années 80. Entendons nous bien, Johnny belle gueule reste le petit film qu’il a toujours été.  C'est-à-dire une œuvre mineure dans la carrière du grand Walter Hill.
 
La faute à un scénario multipliant un peu trop les maladresses et n’arrivant jamais à s’imposer comme une référence du genre. Ce qu’il aurait pu devenir si le scénariste ne se réfugiait pas dans les stéréotypes inhérents au polar : le gangster loser qui veut se venger de ses complices qu’ils l’ont trahi et tué son meilleur ami, la jolie fille qui veut remettre le héros dans le droit chemin, le flic suspicieux... Rien de bien nouveau donc. L’originalité du film tient dans le fait que le héros soit un « freak », un homme au visage difforme qui à la suite d’opérations chirurgicales retrouve un visage humain. Le film se présente donc comme une sorte de croisement entre « La belle et la bête » et Elephant Man, le tout enrobé d’une intrigue policière. Un concept inédit mais pas très crédible obligeant le spectateur à faire preuve d’indulgence et de crédulité (un mec avec la tête de John Merrick qui se retrouve avec celui de Mickey Rourke grâce à la chirurgie esthétique, il faut vraiment y croire !), mais au final sous employé dans la dernière partie du film qui prend les allures d’un simple récit de vengeance. Le tout est sauvé par la mise en scène « musclée » de Walter Hill et par quelques scènes valant le détour (les deux braquages, le final).
 
Si aujourd’hui, le film revêt un intérêt particulier, c’est à cause de sa vedette Mickey Rourke. Depuis quelques années, l’acteur semble suivre le parcours inverse du héros qu’il interprète ici: au début de l’histoire John Sidley est un homme au visage diforme, véritable pestiféré de la société. C’est après une série d’opérations qui lui rendront une apparence humaine, que le personnage revient à la vie. Alors qu’à l’époque du film, Mickey Rourke est alors en pleine gloire, une des valeurs sûres d’Hollywood dont la déchéance est toute proche. L’acteur enchaînera les fours et se lancera dans une carrière de boxeur qui laissera de profondes marques sur son visage. Après de multiples opérations, la drogue, l’alcool, la belle gueule du cinéma fait place au visage métamorphosé et marqué faisant de Mickey Rourke un acteur à éviter au sein de la Mecque du cinéma américain qui ne lui propose plus que de petits rôles dans des productions bas de gamme. Il faudra attendre plus d’une décennie, pour que la descente aux enfers cesse et qu’avec son rôle de Marv dans Sin City (dont le visage et le personnage se rapprochent de celui de Johnny belle gueule), l’acteur puisse retrouver une certaine légitimité dans le milieu. Le film prend donc aujourd’hui une dimension prophétique sur le devenir de sa star, faisant du film une véritable curiosité.
 
Pour faire court : Un petit polar typique des années 80, ayant acquis une nouvelle dimension, grâce au parcours peu conventionnel de son interprète principal Mickey Rourke, dont le film trouve d’étranges échos.
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17 novembre 2006 5 17 /11 /novembre /2006 16:25
Un film de Alejandro Gonzàlez Inàrritu
 
USA (2006)
 
Drame (env. 2h15)
 
Avec : Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael Garcia Bernal, Adriana Barraza, Koji Yakusho, Rinko Kikuchi…
 
 
 
 
Résumé : Un couple d’américains au bord de la crise en voyage au Maroc. Une gouvernante mexicaine obligée de se rendre, avec les enfants de ces derniers, au mariage de son fils au Mexique passe illégalement la frontière. Une adolescente japonaise sourde et muette qui cherche désespérément l’amour et dont le père essaye de renouer des liens.  Deux enfants marocains essayant le nouveau  fusil de leur père… des personnes que tout opposent, des trajectoires destinées à ne jamais se rencontrer. Et pourtant, leurs différents destins vont être réunis,  par un accident qui va bouleverser, plus ou moins directement, leur existence…
 
 Babel, épisode biblique de la Genèse, racontant comment les fils de Noé entreprirent la construction à Babylone, d’une immense tour afin de rejoindre Dieu. Ce dernier, témoin de leur arrogance décida pour les punir de créer une multiplicité de langages afin qu’ils ne puissent plus se comprendre… Tout comme cette histoire issue de la bible, le film nous parle de l’incapacité des hommes à communiquer entre eux, à se comprendre, à se réunir mais appelle également à l’union. Babel est donc un plaidoyer pour le rapprochement des civilisations tout en étant une fenêtre sur notre monde tel qu’il est aujourd’hui.
 
 
Comme dans ses précédents films, Inàrritu lie le destin des ses personnages par un évènement grave. Quatre récits et une multitude de personnages dont les différents sorts, entrelacés dans une narration éclatée (à l’image de la vie des personnages) mais maîtrisé d’un bout à l’autre par le duo Inàrritu-Narriaga, expert en la matière depuis leur première collaboration, reprenant la même structure et le même point de départ à chaque film (ce qu’on pourrait reprocher à son réalisateur). Dans Amours chiennes et 21 grammes c’était un accident de voiture, ici c’est une balle perdue qui va rassembler ces personnes que rien ne prédestinait à l’être. Un accident qui va avoir des conséquences plus ou moins directes dans leur existence : un mari perdu au milieu du désert marocain avec sa femme mourante, des enfants victimes d’un monde fou prit dans la peur du terrorisme, une jeune sourde muette sujette à l’incompréhension de ceux qui l’entourent, une mexicaine vivant illégalement aux Etats-Unis expulsée car elle a pris le risque de retraverser la frontière… des destinées bouleversantes et tragiques puisque aucun n’en ressortira vraiment indemne, tous se retrouveront être les dommages collatéraux d’un monde aux multiples barrières (sociales, culturelles, linguistiques, physiques…). Un monde qui depuis 11 septembre n’est régit que par la peur du terrorisme, la violence, le racisme, l’incompréhension de l’autre… Un monde aux différentes facettes que le réalisateur souligne par plusieurs styles. Bien que le film soit dominé par des plans caméra à l’épaule, la mise en scène change au grès des lieux, alternant sans cesse entre réalisme (façon documentaire) et poésie onirique, toujours au plus près des personnages et de leur vécu pour mieux nous prendre aux tripes. Épaulé par des comédiens en états de grâce, que ce soit Brad Pitt tout en finesse et en retenue, Cate Blanchett, Adriana Barraza (bouleversante) ou encore Rinko Kikuchi (la révélation du film)… interprétant des êtres ordinaires que rien n’avait préparé a subir les coups d’un monde qui a trop vite fait de balayer les plus faibles. Des êtres qui malgré tous les obstacles, se relèvent pour mieux renaîtrent. Car malgré toute la tragédie, la douleur qui frappe le film, Inàrritu est un utopiste et croit en l’humanité, en l’entraide et la compassion, les seules voies de sa propre guérison. Beau et intense.
 
 
Pour faire court : À travers le portrait de destins croisés liés par la fatalité, Alejandro Gonzàlez Inàrritu brosse un portrait juste et émouvant du monde actuel. Un film universel et salvateur qui n’a pas volé son prix de la mise en scène à Cannes mais qui aurait mérité bien plus.
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16 novembre 2006 4 16 /11 /novembre /2006 19:59
Un film de Christopher Nolan
 
Titre original : The Prestige
 
USA, Angleterre (2006)
 
Thriller, Suspense, Fantastique (env.2h08)
 
Avec: Christian Bale, Hugh Jackman, Micheal Caine, Scarlett Johansson, Andy Serkis, David Bowie…
 
Résumé : Londres, au 19ème siècle, Robert Angier et Alfred Borden, sont deux magiciens travaillant comme assistants. Tous les deux sont amis jusqu'à ce que ce dernier provoque la mort accidentelle de la femme de l’autre. Plus tard, chacun se met à son compte. Mais Robert ne peut pardonner l’erreur commise par Alfred et lors d’une représentation, tente de le tuer. Alfred en sort mutilé à la main. S’ensuit alors une rivalité qui prendra lieu sur la scène, chacun essayant de détruire le spectacle de l’autre, attisant un peu plus leur haine commune….
 
 
Il est étonnant de voir avec quel brio Christopher Nolan gère sa carrière à Hollywood. En trois films, le réalisateur aura su mener sa barque sans se faire dévorer par les nombreux requins, naviguant dans les eaux troubles de la capitale du cinéma mondial. En effet, depuis Insomnia, le cinéaste jouit d’une liberté que rarement d’auteurs peuvent se vanter d’avoir obtenu au sein de l’industrie hollywoodienne. Une liberté qui lui a permis, à travers des films plus grand public (profitant des moyens plus que confortables que peut offrir Hollywood), de continuer d’explorer sa thématique, présente depuis son premier film: le faux-semblant. Car dans le cinéma du cinéaste tous les personnages ne sont en réalité pas ce qu’ils paraissent. Le jeune homme dans Following, le suiveur, Leonard Shelby dans Memento, Will Dormer dans Insomnia et Bruce Wayne dans Batman Begins autant de « héros » qui cachent aux yeux du monde (et parfois même à ceux du spectateur) leur véritable être intérieur.
 
 
C’est tout naturellement donc de voir le réalisateur s’intéresser au monde de la magie dont le faux-semblant est la base. En partant de l’histoire d’une rivalité entre deux magiciens (Hugh Jackman et Christain Bale tout deux excellents mais ce dernier remporte tout le prestige si je puis dire) durant l’ère victorienne, Nolan explore bien sûr l’envers du décor du monde de la magie (plusieurs trucages des grands tours de l’époque nous sont révélés), au détriment des gens de la profession. Mais au final tout cela n’est que prétexte pour parler d’un milieu plus contemporain : celui d’Hollywood.
 
 
L’intrigue du film, rondement bien menée, n’est n’y plus ni moins qu’une parabole sur le monde impitoyable du cinéma que fréquente depuis quelques années Chritopher Nolan. Les prestidigitateurs ne furent-ils pas l’équivalent de ce que sont devenus aujourd’hui les acteurs de cinéma ? Toute l’histoire devenant ainsi une mise en abyme : les deux héros étant d’abord les assistants d’un autre grand magicien (aujourd’hui ce serait d’un metteur en scène reconnu), puis ensuite chacun fait son numéro de son côté (premier court-métrage ou premier long), chacun voulant obtenir le prestige (les sirènes d’Hollywood : l’argent, la célébrité…)… et les exemples ne manquent pas : lorsque le personnage de Hugh Jackman essaye de comprendre puis de voler le tour du personnage de Christian Bale répétant ainsi le même tour, en l’enjolivant et lui enlevant toute âme ne peut-on y voir l’image des studios produisant à foison des remakes moribonds de chef d’œuvres du septième art, des studios qui se volent les projets entre eux voyant la profusion de projet similaires (Armageddon - Deep Impact, Le monde de Némo - Gang de requins, Madagascar – The Wild…), il est d’ailleurs amusant de constater que le film en est la victime (la sortie prochaine de The Illusionist, film traitant lui aussi de la magie). Le film prend alors une autre dimension, celle d’un film qui en utilisant le faux-semblant (l’histoire regorge de trahisons et autres retournements de situations) devient un faux-semblant lui- même. Car encore une fois, sous les apparences d’un pur divertissement hollywoodien, Nolan livre une œuvre personnelle, dans laquelle on ne peut s’empêcher d’y voir certains rapprochements avec l’auteur : Alfred Borden (Christian Bale) est aidé en secret par son frère jumeau devenant une des pièces maîtresses et indispensables de son œuvre. Difficile de ne pas y voir une comparaison avec le propre frère du réalisateur Jonathan Nolan, co-scénariste sur le film et de Memento, restant dans l’ombre de son frère. Une thématique du double parfaitement ajustée avec celle du faux-semblant : le jumeau d’Alfred se trouve être la face sombre du personnage et le sosie de Robert Angier (Hugh Jackman) cachant la supercherie de son tour. Un film aux multiples niveaux de lecture qui supporté par une mise en scène captivante, un scénario à la narration torturée et complexe (mais jamais gratuite), une photographie magnifique et une reconstitution parfaite lui permettent de remporter pleinement l’adhésion. Vivement le prochain Batman.
 
Pour faire court: Sous les traits d'un divertissement hollywoodien, Nolan continue d'explorer sa thématique du faux-semblant et livre une parabole sur le monde du spectacle et du cinéma .Captivant.
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15 novembre 2006 3 15 /11 /novembre /2006 19:57
Un film de Guillaume Nicloux
 
France (2006)
 
Thriller, fantatisque, action (env. 1h40)
 
Avec: Monica Belluci, Catherine Deneuve, Moritz Bleibtreu, Sami Bouajila, Nicolas Thau, Elsa Zylberstein...
 
 
 
 
Résumé : Laura part en Asie du sud est pour adopter Liu-San, un bébé abandonné à l’âge de 2 mois. Sept ans plus tard, Laura commence à faire des cauchemars qui semblent incroyablement réels. En même temps, apparaît une étrange marque sur le torse de Liu-San. Après avoir eu un accident de voiture, dont Liu-San se remet miraculeusement, des meurtres sont commis dans l’entourage de Laura. Jusqu'à se que Liu-San soit enlevé et emmené en Mongolie. Laura décide de retrouver son fils coûte que coûte…
 
 
Il est toujours réjouissant de voir des réalisateurs appartenant au cinéma dit « d’auteur » se confronter à l’exercice du cinéma de genre. On espère que le cinéaste sera donner une personnalité au film, qui lui permettra de se distinguer des autres films de genre, plus souvent confiés à des artisans, voire des tacherons. Mais il arrive aussi qu’un réalisateur dit « auteur » ne se révèle pas du tout compétent et échoue dans sa tâche. Dans Le Concile de Pierre, c’est Guillaume Nicloux, auteur des polars, très noirs, Une affaire privée et Cette femme-là dont il incombe le rôle d’adapter le roman de Christophe Grangé, dont on ne peut pas dire que les précédentes adaptations furent des réussites majeures (Les rivières pourpres et L’empire des loups). Et ce n’est pas ce film qui changera la donne.
 
 Le Concile de pierre est un beau ratage sur tous les plans. Il est tout d’abord étonnant que le réalisateur ai accepté un projet plus commercial, loin du style qui a fait sa renommé (anti-héros torturés, enquête tortueuse, climat désespéré…). Même si on trouve bien, ici et là, certains effets chers au réalisateur (les plans larges frontaux), mais tout cela n’empêche pas la réalisation toute entière de paraître sans aucune saveur et mollassonne. Guillaume Nicloux est incapable de nous impliquer dans cette sombre histoire, sur fond de légende mongole, d’un enfant élu, pourchassé par « une secte » voulant accomplir un rituel censé donner la vie éternelle. Le scénario, thriller fantastique teinté d’aventure qui tente désespérément de trouver un quelconque souffle et se révèle un script d’une banalité affligeante, le plus souvent prévisible (on a toujours un train d’avance sur l’héroïne, difficile de surprendre après) et tombant souvent dans le ridicule à force d’effets abracadabrants. Pas aidé par des effets spéciaux hideux loin de provoquer une frousse (la palme revient au serpent).
 
Les personnages ne sont pas en reste, même si le casting était alléchant, tous les acteurs se révèlent caricaturaux au possible et ce malgré leurs efforts: Monica Belluci moins glamour, Catherine Deneuve dans un contre emploi, Sami Bouajila , le jeune Nicolas Thau (inexpressif du début jusqu’à la fin)… Au final, Le Concile de pierre, vient grossir les rangs des productions françaises voulant rivaliser avec les Etats-Unis (bon ben moi, je vais me regarder un petit film américain, ça va me requinquer).
 
Pour faire court: Guillaume Nicloux se prend les pieds dans le tapis dans un thriller fantastique (mou du genou) à l'américaine et prouve qu'il n'est pas doué pour l'action. Au bout du compte, il perd son temps et nous aussi.
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14 novembre 2006 2 14 /11 /novembre /2006 16:20
Un film de Larry Charles
 
Titre original : Borat
 
USA (2006)
 
Comédie (env.1h30)
 
Avec : Sacha Baron Cohen, Ken Davitian, Pamela Anderson…
 
 
 
 
Résumé : Borat, journaliste Kazhan, est envoyé par son gouvernement aux Etats-Unis pour tourner un documentaire, sur leur mode de vie, à la vue d’instruire son pays. Mais Borat est ignorant, raciste, antisémite, misogyne…et son comportement iconoclaste va forcément conduire à un choc des cultures pour les personnes qu’il va rencontrer à travers tout le pays : des hommes politiques, des minorités ethniques, en passant par la bourgeoisie américaine, les fanatiques religieux jusqu’aux « rednecks » pur et dur. Ainsi que Pamela Anderson dont Borat, après avoir vu un épisode d’Alerte à Malibu part demander en mariage… 
 
Imaginez la verve de Michael Moore et son don pour appuyer là où ça fait mal associés avec la connerie d’un Michael Yoün (mais en drôle !!!). Mélangez le tout et vous obtenez Borat, personnage désopilant, né de l’esprit du comique anglais Sacha Baron Cohen (plus connu pour son personnage d’Ali G) qui lui prête ses traits et dont le film suit les (més)aventures. L’histoire de Borat est simple : suivant les principes mêmes du road-movie, Borat, qui en quête d’apprentissage de la culture américaine, nous promène à travers tout les Etats-Unis (on va de New York jusqu’en Californie), multipliants les rencontres pas toujours très heureuses mais franchement drôle. Une intrigue banale au premier abord, mais l’originalité du film tient dans le fait que toutes les situations comiques que vivent les personnages sont réelles. En effet, si le personnage de Borat est tout ce qui il y a de plus fictif, les personnes qu’ils rencontrent sur son chemin sont tous de vraies personnes qui subissent réellement les farces de l’acteur, persuadés que la personne à qui ils ont à faire est vraiment un journaliste venu du Kazakhstan. Quand la fiction rencontre la réalité, cela ne se fait pas en douceur, bien au contraire.
 
Le film se présente donc comme une succession de canulars tous plus osés les uns que les autres, l’acteur poussant parfois tout ce petit monde dans leurs derniers retranchements (voir la scène du repas mondain). Car Borat ose tout et se permet de faire n’importe quoi, allant jusqu’à enfoncer tous les tabous (inceste, antisémitisme, trisomie...). C’est bien simple s’il y a une chose qu’il ne faut pas faire Borat le fait : courir tout nu dans un grand hôtel lors d’une conférence, se moquer de l’hymne national devant toute une foule, inviter une prostituée chez des aristocrates… (je n’en dit pas plus je vous laisse découvrir le reste). Usant d’un humour ravageur, débile et fun (quoique un peu trop porté sur la scatologique) Sacha Baron Cohen est tout bonnement irrésistible, faisant de Borat, un personnage attachant malgré tous ses nombreux défauts. Mais  Borat, ne se résumerait au bout du compte qu’à un simple programme de télé réalité débile, ramené au format ciné (tout ce qu’est Les 11 commandements rien de plus), si le film ne possédait pas une trame, il est vrai très linéaire mais efficace, qui justifie la succession de scènes qui nous sont proposées et apporte une certaines cohérence à l’ensemble. L’utilisation de la voix-off permet également de renforcer le côté fiction du film. Au final, on a plus l’impression d’avoir vu une vraie œuvre de cinéma, qui à quelque chose à dire, qu’un programme télé.
 
 Pourtant sous ses apparences de comédie de mauvais goût, le film sait se montrer corrosif. Borat se fait le témoin de notre époque : en renvoyant une image peu glorieuse de l’Amérique d’aujourd’hui. L’image d’un pays qui depuis le 11 septembre s’est renfermé un peu plus sur lui-même et dans l’ignorance, le racisme (voir la scène avec le cow-boy, incroyable !), l’obscurantisme et la violence. Un pays persuadé qu’il est le modèle à suivre, aveuglé par sa grandeur. On pourra toujours crier à la facilité et à la caricature mais si la satire est aussi provocatrice et la farce aussi monstrueuse, la faute en revient à ceux qui en font les frais. En réagissant comme ces personnes le font, elles reflètent la société dans laquelle elles vivent. De plus, le film ne fait pas que donner une image négative de l’Amérique, il en propose une image quelquefois touchante (le couple de vieux juifs, la prostituée…). On a aussi accusé le film de donner une image négative et fausse (pourtant très drôle) du Kazakhstan. Mais ici, l’acteur ne fait que véhiculer l’image que l’Amérique (voir l’occident en général) donne des pays de l’est. D’ailleurs en définitive, l’Amérique que montre Borat n’est pas très éloigné du Kazakhstan imaginaire du film. A la fin du film, on en sort, mort de rire sans avoir l’impression d’avoir été pris pour un con. Faire rire tout en faisant réfléchir, voilà bien l’apanage des plus grandes comédies.
 
Pour faire court : Une comédie drôle et désopilante, qui à travers un mauvais goût assumé, arrive à faire ressortir toute la bêtise humaine de notre monde. La machine Borat est en marche et çà fait très mal. A ne pas manquer.
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13 novembre 2006 1 13 /11 /novembre /2006 17:27
Un film de Guillaume Canet
 
France (2006)
 
Thriller (env. 2h05)
 
Avec: François Cluzet, Marie-Josée Croze, François Berléand, André Dussolier, Kristin Scott Thomas, Nathalie Baye, Jean Rochefort, Gilles Lellouche, Olivier Marchal, Jalil Lespert...
 
 
 
 
Résumé : Alex et Margot, un couple marié, coule des jours heureux. Mais lors d’un week-end à la campagne, Margot disparaît et est retrouvée morte, assassinée, semble t-il par un « serial killer » qui se trouvait dans la région. 8 ans plus tard, Alex, qui ne s’est jamais vraiment remis de la mort de sa femme, reçoit un mail où filmée en direct par une Webcam, il voit Margot vivante. En même temps, la police trouve des indices susceptibles de suspecter Alex, à nouveau, du meurtre de son épouse. Alex doit mener lui-même l’enquête…
 
 
On attendait avec une certaine impatience, le prochain film de Guillaume Canet, en tant que réalisateur. Mon idole, bien que pourvu de défaut inhérent à tout premier film, était une réussite laissant présager du meilleur pour la suite. Alors Mon idole, fût-il un coup de chance ? A-t-il réussit l’exercice que représente un deuxième film ? A-t-il prouvé qu’il est bien un réalisateur à part entière ? La réponse…oui sans aucun doute.
 
Après s’être essayé à la comédie satirique avec Mon idole, vision virulente de la télé « trash », Guillaume Canet choisit de s’attaquer à un exercice difficile : le thriller. Difficile car le thriller est plutôt l’apanage du cinéma américain. Et on ne peut pas dire que la France se soit distinguer dans le genre dernièrement : on peut citer le moyen Les rivières pourpres de Matthieu Kassovitz, l’irregardable L’empire des loups de Chris Nahon, le minable Six-Pack d’Alain Berberian ou bien le mou du genou Anthony Zimmer de Jérôme Salle… des films qui à trop vouloir marcher sur ces illustres modèles américains, ne sont au final que de pâles copies indignes (dans le meilleur des cas), alternant entre un aspect souvent franchouillard ou prenant les airs d’un sous produit américain. Au bout du compte tout reste à faire en matière de thriller à la française. En choisissant d’adapter le roman d’Harlan Coben et de transposer l’histoire en France (celle du livre se déroule aux Etats-Unis), Guillaume Canet prend des risques de voir son entreprise échouer (certaines histoires peuvent se révéler médiocres une fois sorties de leurs contextes géographiques) et au final de réaliser un thriller bas de gamme.
 
 
Heureusement, ce n’est pas le cas. Grâce à un gros travail d’écriture du duo de scénaristes (Canet et Philippe Lefebvre), le film ne paraît jamais ridicule et évite tous les pièges du changement de lieu de l’action. Le récit manie habilement le suspense et l’action, dénouant son intrigue, à un rythme qui ne faillit jamais: c’est bien simple on ne décroche pas du film du début jusqu'à la fin (malgré une fin un peu trop explicative). Un scénario qui n’a rien à envier aux meilleurs thrillers américain doublé d’une très belle histoire d’amour où le réalisateur fait preuve d’une sincérité qui emporte l’adhésion.
 
 
L’autre point fort du scénario, c’est comment Guillaume Canet est arrivé à donner vie aux nombreux personnages dont regorge le film, chacun arrivant à exister et trouve naturellement sa place à l’intérieur de l’histoire. Des protagonistes interprétés par une distribution prestigieuse : François Cluzet excellent (on ne l’avait jamais vu comme ça), André Dussolier (touchant), Marie-Josée Croze (hitchcockienne) , Kristin Scott Thomas, Nathalie Baye, François Berléand (qui enfin laisse ses mimiques de côtés), Jean Rochefort (glacial), Gilles Lellouche (étonnant), Olivier Marchal, Jalil Lespert… Tout ce petit monde qui semble avoir pris un énorme de plaisir à tourner devant la caméra.
 
 
Quant à la réalisation, Guillaume Canet a fait de sérieux progrès : il épure sa mise en scène, laissant les gros effets inutiles (auxquels Mon idole n’échappait pas toujours). De ce fait, sa réalisation gagne en efficacité et se révèle tour à tour, nerveuse et sèche dans les moments forts (les scènes de course poursuite, l’exécution des hommes de mains par Gilles Lellouche…) aérienne et posée dans les scènes plus calmes (le début du film…). Au final Ne le dis à personne, réussit sur tous les tableaux démontrant définitivement les qualités de metteur en scène et de directeur d’acteurs que l’on soupçonnait à son réalisateur. Et ça, il faut le dire à tout le monde !
 
Pour faire court : Confirmant tout le bien qu’on pensait de lui depuis Mon idole, Guillaume Canet nous revient avec un thriller diablement efficace, au scénario bien ficelé, servi par un casting quatre étoiles. Une réussite.
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9 novembre 2006 4 09 /11 /novembre /2006 19:29
Un film de Brian de Palma
 
Titre Original : The Black Dalhia
 
USA (2006)
 
Policier (env. 2h)
 
Avec: Josh Hartnett, Aaron Eckhart, Scarlett Johansson, Hilary Swank, Mia Kirschner, William Finley...
 
 
 
 
Résumé : Los Angeles, les années 40, le cadavre, incroyablement mutilé, d’une jeune femme est retrouvé dans un terrain vague. Les deux inspecteurs Bucky Bleichert et Lee Blanchard, deux anciens boxeurs, sont en charge de l’enquête qui s’annonce difficile à cause de la presse qui en font leur choux gras. Très vite l’identité du cadavre est découverte : il s’agit d’Elizabeth Short, une starlette qui rêvait de percer à Hollywood. Mais sous ses apparences, le Dahlia Noir cache de lourds secrets…
 
Il y a des projets qui dès leur annonce provoquent un immense engouement, des films qui par leur sujet, leur réalisateur, leur casting… font qu’on a tout de suite envie de les aimer car le résultat ne pourra qu’être grandiose. Le dahlia noir est de ceux-là : en effet, l’annonce de la mise en route de l’adaptation du roman phare de James Ellroy, par le grand Brian de Palma, ne pouvait que provoquer l’attente générale du public. Et comme (trop) souvent tout film qui suscite un tel engouement la déception est au rendez vous.
 
 
Car oui le film est une déception. Ceux qui attendaient, l’adaptation ultime d’un roman de James Ellroy (mais n’existe-t-elle pas déjà ? L.A. Confidential ?) en seront pour leur frais. Bien sûr, une adaptation ne peut pas combler tous les fans et puis il faut regarder le film en lui-même, car qui dit mauvaise adaptation ne veut pas forcément dire mauvais film (Cf. Blade Runner). Mais une fois encore, il faut se rendre à l’évidence, cela ne change rien, la déception est toujours au rendez vous.
 
La faute à un scénario qui (à force de raccourcis) simplifie au maximum l’œuvre et reste parfois confus (une personne qui n’a pas lu le livre sera sûrement paumée), se montrant incapable de restituer un seul instant, la force d’écriture de l’auteur. Un scénario qui à vouloir traiter toutes les histoires parallèles, les sous-traites et perd le fil de l’enquête elle-même. A titre d’exemple, on pourra dire que le personnage d’ Elisabeth Short ne possède pas tout le potentiel nécessaire (elle n’intrigue jamais réellement) et que la psychologie des personnages fait défaut : les tourments des personnages sont survolés au point d’en devenir caricaturaux.
 
A cela s’ajoute un casting décevant (dont avait déjà des craintes depuis le début) qui entre un Josh Hartnett fadasse (pas crédible du tout en boxeur mi-lourd), un Aaron Eckhart pas convaincant et à un trio féminin (Scarlett Johansson, Hilary Swank, Mia Kirschner), pas mauvais en soi, mais qui ne correspond pas vraiment aux personnages du livre, ce qui donne l’impression de n’être jamais vivants, incarnés et empêche tout ressentiment de la part du spectateur.
 
Si Brian de Palma semblait la personne idéale pour mettre en image le roman d’Ellroy, dans lequel on retrouvait plusieurs des obsessions de son cinéma (faux semblant, image du double…), le réalisateur semble s’être mis en mode automatique : comme si Brian de Palma ne savait pas comment mettre en scène son film et nous ressort ses tics de réalisation, la plupart du temps, à des moments inappropriés (voir le plan séquence filmé à la 1ère personne : inutile) ou qu’à force de faire de trop nombreux compromis avec la production  il a baissé les bras et s’est juste contenté de rendre sa copie en temps et en heure(l’avenir et la sortie du DVD nous le révèleront peut être). Au bout du compte, la mise en scène ne retranscrit que très rarement la noirceur et la violence du roman (le meurtre de Blanchard…), l’empêchant le récit d’être prenant (le match de boxe, la fusillade).
 
Pour finir, on pourra toujours signaler l'aspect (volontairement?) toc de certains décors, nuissant un peu plus à l’ensemble et la présence d’acteurs "de Palmien" (William Finley, Gregg Henry) mais hélas trop peu présents à l’écran.
 
 
Pour faire court : Une adaptation décevante du roman qui par un mauvais casting, un scénario simpliste et confus et un Brian de Palma peu inspiré, plombe le projet du début jusqu'à la fin. Dommage.
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7 novembre 2006 2 07 /11 /novembre /2006 14:59

Un film de Takashi Miike

Titre original: Koroshiya 1

Japon (2001)

OFNI (env. 2h04)

Avec: Todanobu Asano, Shinya Tsukamoto, Sabu, Alien Sun, Susumu Terajima....

 

 

Résumé: Anjo, le chef d'un gang de yakusa, disparaît mystérieusement avec une importante somme d'argent, Kahibara, son second, homme psychopathe, tortionnaire et masochiste, part à sa recherche dans toute la ville. Après avoir torturé le chef d'un autre clan yakusa, il se rend compte que tout cela ne peut être que l'oeuvre d'un tueur professionnel. En effet, l'auteur du crime se nomme Ichi, un jeune adolescent perturbé qui manipulé par le mystérieux Jijii, sème la mort un peu partout chez les yakuzas. Sa prochaine cible n'est autre que Kahibara lui-même...
 
Depuis la sortie en occident de son Audition, Takashi Miike est devenu en très peu de temps un réalisateur incontournable de la scène mondiale cinématographique. Tout en étant le sujet de nombreux débats chez les cinéphiles, Takashi Miike c'est forgé une réputation de réalisateur iconoclaste, en réalisant des films loufoques, étranges voire complètement « barrés »,  ne cessant de diviser: c'est bien simple, soit on adore soit on déteste. Avec Ichi the killer, le "fou filmant" ne déroge pas et signe son oeuvre la plus extrémiste, la plus choquante, le film de tous les excès...en deux mot son chef d'oeuvre.
 
Sur le papier, Ichi the killer ne se démarque pas vraiment : l'histoire est simple et ne dénote pas des codes d'un film de yakusa (guerre des gangs, règlements de compte, interrogatoires musclé, trahison...). C'est dans la réalisation de Miike et dans son côté malsain et pervers, son caractère totalement fou qui fait d'Ichi the killer, un film iconoclaste. Ichi the killer, est l'adaptation du manga éponyme d'Hideo Yamamoto, sorti en 1998 et qui connu un énorme succès au Japon. A ce titre, le film est très fidèle au matériau d'origine. Il n'est donc pas étonnant que dans son oeuvre, Miike se réapproprie les éléments et thématique qui ont fait la notoriété du manga: la violence, l'ambiance malsaine, l'ambiguïté sexuelle du héros, le traumatisme de l'adolescence, la critique de la société japonaise... Tous ces éléments ne pouvant donner qu'oeuvre violente et extrême.
 
Violent et extrême, le film l'est à plus d'un titre: Miike succède les scènes gores les unes après les autres, à un rythme soutenu, où il ne nous épargne rien et est décidé à nous montrer tout ce que les autres se refuseraient à faire : abondance de sang, de tripes, tétons et langue découpé, sexualité ambiguë (selon la légende le sperme qu'on voit dans le film serait du vrai), massacres en tout genre. Que ce soit les scènes de tortures pratiquées par le personnage de Kahibara ou les exécutions d'Ichi. Des séquences totalement folles où le réalisateur se laisse aller à toute sa folie visuelle, alternant entre violence loufoque, proche de celle du manga, limite « Tex Avery » (le découpage d'un homme en deux) et violence plus réaliste (la scène du yakusa pendue pas la peau). C'est cet enchaînement de violence graphique, débridée, parfois drôle, qui a valu au film sa réputation d'oeuvre culte. Mais résumé le film uniquement sur ça, ce serait faire les jeux des détracteurs du réalisateur qui n'y voit qu'une succession de violence gratuite, ce qui serait vrai si le film ne racontait rien.
 
Si le film est aussi extrême dans sa représentation de la violence c'est que Miike scrute la violence de notre société (en l'occurrence celle du Japon), celle-ci est partout : à l'école (Ichi s'y faisait tabasser régulièrement, le viol auquel il assiste, il sauve un garçon qui subit la même chose que lui...), dans les foyers, au travail (le patron d'Ichi le frappe et lui impose de se faire Hara-kiri parce qu'il a mal fait son travail) et bien sûr dans la mafia (la prostituée qui se fait battre par son mac...). Une violence qui finit par devenir, pour les personnages (pas pour le spectateur) de plus en plus banale au fur et à mesure que le film avance jusqu'à en devenir invisible (Cf. la scène finale glaçante où des enfants passent à côté d'un homme pendu sans y faire attention, continuant à sourire et à s'amuser). En plaçant tous ses personnages dans un cycle de la violence, dont la seule issue sera la destruction et la mort (tout le monde meurent excepté Ichi et Jijii), le réalisateur nous montre une vision peu valorisante de la société d'aujourd'hui, pour ne pas dire pessimiste : aucun des protagonistes n'est positif, aucun ne semble connaître le sentiment d'amour, tous sont des personnes violentes, sociopathes, tous sont des névrosés ou de profonds cinglés (les personnages des jumeaux). A commencer par le « héros » du film, Ichi, adolescent perturbé, pleurnichard qui dès qu'il se sent oppressé ne réagit que par le meurtre, seule chose qui peut lui procurer du plaisir. Si au début, le spectateur peut ressentir une certaine pitié envers lui, très vite se sentiment disparaît au profit d'un profond dégoût (Ichi se masturbe sur ses victimes) au fur et à mesure que ces actes n'ont plus aucune justification (il tue même l'enfant qu'il avait sauvé au début du film). A lui s'oppose Kahibara, vrai psychopathe qui, tout comme Ichi, ne prend du plaisir qu'a torturé et à tué. A ce niveau rien ne distingue vraiment Ichi de Kahibara sauf que ce dernier accepte complètement sa perversion et n'éprouve aucun remord à ces actes (il rit et sourit lorsqu' il torture). Contrairement au manga, Ichi est mis au second plan par rapport à Kahibara (interprété par Asano Tadanobu), devenant la figure emblématique du film. Il faut dire que tout est fait pour le mettre en valeur : ses costumes flashy, sa coiffure blonde et surtout ses joues balafrées qui lui donne un sourire plus grand que nature font de lui un personnage qu'on est pas près d'oublier. A l'image du film.
 
 
Pour l'anecdote, on trouve plusieurs réalisateurs au casting du film : Sabu (réalisateur de Postman Blues) et surtout Shinya Tsukamoto (Tetsuo I & II, Bullet Ballet, Tokyo Fist), réciproquement dans les rôles d'un ancien flic déchu, devenu yakusa et du personnage de Jijii. Le film est tellement considéré comme violent, que les organisateurs d'une avant première du film ont fourni aux spectateurs, des sacs pour vomir.
Le film fut censuré un peu partout le monde. Aujourd'hui le film est disponible en DVD dans sa version "uncut"
 
 
Pour faire court : Oeuvre totalement violente et déjantée, Ichi the killer est un véritable OFNI (objet filmique non identifiée) où Miike se lâche complètement et donne libre court à toute sa folie créatrice. Un film rare. Attention les yeux !!!
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7 novembre 2006 2 07 /11 /novembre /2006 12:27
Un film de Woody Allen
 
USA, Angleterre (2006)
 
Comédie policière (env. 1H36)
 
aAec: Scarlett Johansson, Hugh Jackman, Woody Allen, Ian McShane...
 
 
 
 
Résumé : Durant la représentation d'un spectacle de  magie du grand Strombini, Sondra Pransky, jeune femme voulant devenir journaliste se retrouve nez à nez avec le fantôme d'un grand reporter, Joe Strumble, qui lui révèle l'info du siècle: un riche aristocrate anglais, Peter Lyman serait un célèbre serial killer « le tueur au tarot » qui sévit dans Londres depuis un an. Avec l'aide de Stromboni, elle décide de mener l'enquête. Mais en infiltrant son milieu, la jeune femme tombe sous son charme alors que de nombreux indices le désignent comme suspect...
 
Avec Match Point, Woody Allen donnait un sérieux coup de jeune à son cinéma (qui avait tendance à se répéter). Tout juste un an après, il nous revient avec son nouveau film : Scoop. Alors peut on s'attendre à ce que le réalisateur réussisse une nouvelle fois l'exploit ? La réponse : oui et non. Tout d'abord le cinéaste semble avoir retenu (en partie) la leçon et reprend des éléments de son précédent métrage (l'action se situe à Londres, Scarlett Johansson) tout en y associant ceux qui sont la base de son cinéma (la comédie, lui- même, l'enquête policière). Et cela fonctionne plutôt bien.
 
L'élément qui frappe dans le film, c'est que Woody Allen ne joue plus l'amant ici (comme dans Anything Else), le réalisateur laisse la romance à ses deux jeunes interprètes, Hugh Jackman, occupant sa place (très bon en aristo anglais mais un peu laissé pour compte au final) et Scarlett Johansson (belle même quand elle est enlaidie). Ce qui permet de nouveau au cinéaste d'insuffler un peu de fraîcheur à son cinéma. Lui permettant également de se renouveler en personnage de (faux)père et de magicien (montrant son amour pour la magie, à l'instar de son Sortilège du scorpion de Jade).
 
 
Si l'histoire manque d'originalité, que le déroulement de l'intrigue et la fin sont prévisibles, la réussite du film se trouve dans le (faux)couple père -fille que compose Woody Allen et Scarlett Johansson (le couple vedette du film c'est eux) qui fonctionne à merveille. L'actrice (devenue la nouvelle muse du cinéaste)  prouve qu'elle est aussi bien à l'aise dans le drame que dans la comédie et son alliance avec le cinéaste rappelle les grands couples alleniens d'antan. Grâce à ce duo, servi par des dialogues particulièrement savoureux et caustiques (une habitude chez Woody Allen), le réalisateur remplit son contrat : faire rire.
On peut aussi noter une nouvelle introduction du fantastique (le réalisateur l'avait déjà utilisé dans Harry dans tous ses états) avec l'apparition d'un fantôme, joué par Ian McShane (aller voir la série Deadwood !!!), un peu survolé mais qui prolonge le goût de fantaisie présent tout le long du film (voir la scène finale dans l'au-dela).
 
 
Même s'il ne réitère pas l'exploit de Match Point, et même si Scoop reste une oeuvre mineure dans la filmographie du cinéaste, il n'en demeure pas moins que Woody Allen reste en grande forme et signe une comédie légère et savoureuse riche en gags servie à un rythme qui ne faillit jamais: au final, on rit beaucoup et on ne s'ennuie pas et c'est déjà pas mal.
 
Pour faire court : Woody Allen revient à la comédie et signe un film très drôle, dont les très bons dialogues et le charme des interprètes, arrivent à faire oublier un scénario mince et une fin prévisible.
 
Réplique: "Je suis né de confession hébraïque mais je me suis converti au narcissisme".
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