Fantastique
Alice au pays des horreurs
Pourquoi Cannes se force à programmer des films de genre dans sa sélection officielle, si c’est pour au final les snober ? Car le chef d’œuvre de Guillermo del Toro n’aurait pas volé la palme d’or. Comme L’échine du diable, Guillermo retrace une page sombre de l’histoire d’France à laquelle il ajoute une touche de fantastique. En résulte un film fabuleux sur la perte de l’innocence et le passage douloureux de l’enfance à l’âge adulte. L’enfance qui sera la victime d’un monde destructeur où le véritable monstre ne se trouve dans le monde des contes mais bien chez l’homme. Et on n’est pas prêt d’oublier le personnage de Vidal, joué par un Sergi Lopez impérial, véritable « motherfucker » du septième art. Un film à la fois violent et beau, tragique et magnifique. Guillermo est un génie et se permet d’inventer la « dark fantasy » et ça méritait bien la première place dans le classement des films fantastiques.
Incassable
Une infirmière est engagée dans un hôpital pour enfant où des évènements étranges se produisent : les enfants subissent des fractures inexpliquées. Est-ce du à des mal traitements de la part du personnel ? Où est-ce l’œuvre de la « Mechanical girl » comme le prétend la jeune Maggie, une enfant mourante. Continuant sa réflexion sur l’enfance et ses troubles, Balaguero transcende une « ghost story » des plus classique et signe son meilleur film à ce jour. Oubliant au passage le montage hyper « cut » de Darkness, il fait place à une réalisation faite de longs plans qui permettent d’insuffler un climat inquiétant et à une émotion qui éclate dans un final bouleversant. A cela s’ajoute une Calista Flockhart qui gagne ses galons d’actrice de cinéma. Sorti chez nous directement en DVD, le film méritait amplement les honneurs d’une sortie en salles. Honte à vous messieurs les distributeurs !!!
Le monstre attaque la ville !
C’est à la fois un film de monstre digne des plus grand « kaiju eiga », une comédie burlesque franchement drôle et une satire politique virulente contre les autorités coréennes et l’administration Bush. Un mélange des genres qui aurait du donner un film foutoir et bancal, mais voilà c’est le réalisateur de Memories of Murder qui est aux commandes et c’est pas ridicule une seule seconde et c’est jouissif à souhait. Les acteurs sont excellent, en particulier Song Kang-Ho (ce mec peut tout jouer) et la créature est superbe.
Le pacte des fous
Christophe Gans, en génial artisan qu’il est, réussit son pari d’adaptation du chef d’œuvre horrifique d’Akira Yamaoka. Sous les apparences d’un simple blockbuster américain Gans arrive à produire une œuvre personnelle sur la parenté. Même s’il n’égale pas la terreur provoquée par le jeu vidéo, par sa mise en scène classieuse, sa photographie magnifique et à son incroyable galerie de monstres (le Pyramid Head en tête), Silent Hill sait se montrer angoissant du début jusqu’à la fin. Ce qui fait de Silent Hill le premier vrai bon film adapté d’un jeu vidéo et donc le meilleur.
Guerre
Soldier of Orange
Le grand retour de Paulo ! Le « hollandais fou » revient après six ans d’absence avec un époustouflant film de guerre doublé d’un brillant film d’aventure et d’espionnage à l’ancienne. Le film est un portrait ambigu, sans aucun manichéisme de la résistance hollandaise. Au programme violence et sexe montré sans fard, trahisons, double jeu... Black Book prouve que Verhoeven n’a rien perdu de sa verve et continue à briser les tabous (il est d’ailleurs étonnant que le film n’a connu aucunes polémiques) et ça fait vraiment plaisir.
Mon père ce héros
Projet ambitieux qu’est celui du grand Clint : proposer deux films sur la célèbre bataille d’Iwo Jima qui a opposée les USA et le Japon durant la seconde guerre mondiale. L’un optant pour un point de vue américain l’autre japonais.
Mémoires de nos pères se situe du côté des américains et plus précisément sur l’histoire de la célèbre photo de soldats soulevant le drapeau. Ce n’est pas vraiment la guerre qui intéresse le réalisateur. Celle-ci est plutôt mise au second plan même si le film est clairement antimilitariste. Eastwood préfère se questionner sur la vraie nature de l’héroïsme et le mécanisme de la propagande. A travers l’histoire ancienne Eastwood ne fait que sonder l’histoire récente, prouvant qu’il est un dernier grand cinéaste classique américains. Et même si la narration morcelée est difficile durant la première vision,
Mémoires de nos pères gagnera à être revu après la sortie prochaine du deuxième opus
Lettres d’Iwo Jima de ce diptyque qui s’annonce mémorable.
Il faut sauver le soldat Mohammed
Quand la France revient sur son histoire notamment sur ses travers c’est rare mais c’est bon.
Indigènes revient sur la libération de la France durant la seconde guerre mondiale mais cette fois du côté des tirailleurs algériens, marocains… Un point de vue jusque là jamais traité par le cinéma (et dans les écoles). Rachid Bouchareb rebouche les trous de l’Histoire pour le meilleur et pour le pire. Le film étant particulièrement peu glorieux sur l’image d’une France méprisante, raciste et colonialiste (ça a pas beaucoup changé depuis) envers ses hommes qui ont combattu pour la sauver et non eu aucune renaissance. La charge est dure mais raconté avec humilité et sans aucune rancœur envers une nation ingrate. Et peu importe que les scènes de batailles ne soient pas toujours à la hauteur du propos (sauf la dernière), l’histoire et les comédiens, qui on remportés le prix d’interprétation masculine à Cannes (tous le mérite y compris Bernard Blancan), sont suffisamment bons pour emporter l’adhésion. En espérant que le succès du film réussisse à ouvrir la voie à des films évoquant notre histoire pas très jolie à regarder mais nécessaire si on veut comprendre notre société d’aujourd’hui et avancer.
Horreur
On ira tous au Paradis
Le choix fut difficile entre le film d’Aja et ces rejets du diable mais c’est bien le deuxième film de Rob Zombie qui mérite la première place du podium des films d’horreur. Suite directe de La Maison des 1000 morts, le film suit la famille tueuse en série Firefly, véritable bande de dégénérés de l’Amérique profonde pourchassé par un policier encore plus dingue qu’eux. Si La Maison… était un sympathique film certes bancal mais réjouissant, Rob Zombie passe la seconde et ça fait mal. Le film est plus réaliste dans sa représentation de l’horreur crue, sale où tout pue à en vomir (dont le scénario est digne des plus grand survival) tout en proposant une incroyable galerie de « freaks » tous plus barjes les uns que les autres. Mais le vrai tour de force du film est de nous faire presque aimer cette famille dont les actes atroces ne peuvent être que condamnés. Mais même une famille de tueurs reste une famille avant tout. L’Amérique de Rob Zombie est complètement folle et c’est ça qui est génial. Le prochain Halloween s’annonce sous les meilleurs auspices.
Delivrance
Généralement un remake c’est moins bon que l’original pour ne pas dire franchement nul ou inutile. Surtout quand c’est celui d’un classique du cinéma, comme le film de Wes Craven culte auprès des aficionados de films d’horreur des années 70 (bien qu’il faut avouer que le film a pris un sérieux coup de vieux !). Oui mais voilà ils arrivent que le remake soit digne voir meilleur que l’original. Dire que La colline… version 2006 est meilleure est peu dire : le remake explose, pulvérise, dynamite, bombarde littéralement l’original. Au revoir Craven bonjour Alexandre Aja devenu en très peu de temps (trois films seulement) l’un des meilleurs réalisateurs de genre en France. Du survival des seventies Aja garde la trame scénaristique ainsi que toutes les scènes marquantes. Peu de surprises de ce côté donc mais aidé par son compatriote Eric Levasseur, les frenchies refaçonnent l’ensemble juste avec quelques détails qui bonifient grandement le script original. Comme le fait que la famille de cannibales soit issue d’essais nucléaires, une idée simple en soit mais qui va se révéler incroyablement payante car elle permet de donner un fond au film qui prend des allures de critique contre l’Amérique Bush. En définitive La colline… est un pur survival violent, nerveux, brutal et dénonciateur…comme on les aime. Vive le France ! Ouais enfin surtout vive Aja !
Bonjour les vacances !
Cela commence comme un vulgaire héritier d’
American Pie : des ados crétins qui ne pensent qu’a trempé leurs biscuits, des nanas peu farouches qui se déshabillent aussi facilement que Paris Hilton fait la Une de la presse people et un humour bien gras. Et puis arrive un truc fantastique, la comédie se transforme en film d’horreur hardcore dont la première partie n’était que l’exposition du sujet du film qui va prendre tout son sens dans la deuxième. Dans laquelle nos joyeux lurons vont connaître les charmes des pays de l’est et particulièrement la torture, devenue la dernière source de plaisir que peuvent s’offrir de riches citoyens lassé par leurs existences faites d’abondance. Le malin Eli Roth se fait parrainer par Quentin Tarantino (ici producteur) et signe un film gore et trash (moins insupportable qu’on l’avait annoncé) au final très pessimiste, marqué par l’actualité de la guerre en Irak.
Hostel est une parabole efficace sur l’Amérique se croyant tout permis dans le monde et dont les actes la condamne à devenir le bourreau après avoir été la victime ou l’inverse. Et le 2 s’annonce pire. Chouette !
Policier
Una bella conzone
Michel Soavi nous avait un peu laissé en plan en abandonnant le cinéma pour s’intéresser à la télévision italienne. C’est pour ça qu’on ne pouvait que se réjouir de le voir revenir sur le grand écran avec Arrivederci Amore Ciao un polar urbain digne héritier des sagas mafieuses italiennes évoquant les années de plomb qu’a connu le pays dans les années 70. Même s’il ne situe pas dans cette période comme le réussi mais un peu trop classique Romanzo Criminale sorti aussi cette année, le film se situe clairement dans la même veine. Là où le film lui est supérieur c’est que Michel Soavi va redonner du sang neuf au genre. En suivant le parcours d’un ancien terroriste (véritable salaud qui ne suscite jamais la sympathie du spectateur) cherchant à redevenir un citoyen lambda, Michel Soavi examine les maux de la société italienne d’aujourd’hui (corruptions, meurtres…) en mélangeant plusieurs genres. Ainsi on passe aisément d’un film de gangster façon Scarface (le héros commence au bas de l’échelle pour grimper) à un film de braquage, une romance et même au giallo, ce qui prouve que Michel Soavi ne s’est pas détaché de l’horreur, genre qui l’avait fait connaître du grand public. Le réalisateur se permet même de réutiliser certains effets (notamment des éclairages) de ses précédents films comme Dellamore Dellamorte qui confère une ambiance particulière au métrage. Un retour réussi qui bien sûr est presque passé totalement inaperçu (soupir).
Deux flics ami-ami
Dès son introduction sans aucun générique, sans présentation des personnages on a compris qu’on n’aura pas à faire à une simple adaptation d’une série T.V des années 80 mais bel et bien d’un film d’auteur, d’un film de Michael Mann. Et pourtant ce n’était pas gagné : un scénario minimaliste digne d’un banal buddy movies (deux flics s’infiltrent chez des truands, l’un s’éprend de la femme du boss) et des problèmes de productions (ouragans, grève de techniciens, Collin Farell partit en cure de désintoxication et caprices de diva de la part de Jamie Foxx) laissait présagé d’un four artistique. Et bien non !!! Michael Mann est un génie et transcende une intrigue franchement légère en retirant tout élément hollywoodien (l’humour) pour complètement réinventer le buddy movies. Il réalise une très belle histoire d’amour à la beauté formelle (visuellement c’est magnifique) doté de quelques scènes d’action époustouflante où chaque acteur se révèle parfait même des seconds rôles très peu définis qui arrivent malgré tout à exister. Miami Vice est une œuvre crépusculaire comme seul Michael Mann sait les concocter.
Affaires internes
Scorsese réussi le pari de livrer un remake aussi bon que l’original Infernal Affairs, quoique différent puisqu’il adapte le scénario à son style et se permet de livrer une œuvre personnelle en reprenant ses obsessions du christianisme. Servi par un casting grandiose où chaque acteur tire son épingle du jeu et une mise en scène à tomber par terre, le film dépasse le simple exercice de style pour donner un excellent film sur le chaos sous les apparences d’une tragédie grecque. Scorsese est toujours un grand, il suffit de regarder les images.
Science fiction
Requiem for Love
Résumer The Fountain juste à un simple film de science-fiction se serait vraiment limiter toute la richesse de cette ambitieuse histoire d’amour déclinée sur trois époques, véritable fable métaphysique et philosophique sut le caractère inéluctable de la mort. Darren Aronofsky qui a connut d’innombrables problèmes de production, s’en tire avec tous les honneurs et offre une œuvre sincère, belle, touchante et apaisante (la musique est tout bonnement géniale) proposant une vision optimiste de la mort qui loin d’être la fin de toute chose n’est qu’en fait une renaissance. Un film qui va faire date.
Faites des gosses !
Bienvenue dans un futur pas si lointain. Un futur où toutes les femmes du monde entier ne tombent plus enceinte depuis presque une vingtaine d’années, condamnant ainsi toute l’humanité entière qui sombre dans le chaos. Avec Les fils de l’homme, Alfonso Cuaron s’essaye à la science fiction et le résultat est fantastique. En adoptant une mise en scène proche de celle du documentaire, Alfonso Cuaron nous plonge de plein fouet dans notre propre actualité. Celle du terrorisme, de la peur, de la pauvreté, de l’exclusion… Et en prime il se paye le luxe de livrer deux plans séquence d’anthologie à couper le souffle.
Suspense
Le (méchant) petit chaperon rouge
Evoquer le sujet épineux de la pédophilie à travers un thriller n’est pas une chose aisée. Et pourtant c’est ce à quoi c’est attaqué David Slade dont c’est le premier film. Le réalisateur signe une première œuvre osée et quasiment entièrement maîtrisée. A partir d’un script original et solide, sorte de revisite du petit chaperon rouge mais inversé, le prédateur devenant la proie. David Slade livre un huit-clos haletant et dérangeant allant crescendo et qui cultive l’ambiguïté de ses personnages, interprétés par un formidable d’acteurs (Patrick Wilson mais surtout Ellen Page incroyable en adolescente démoniaque de 14 ans) et mis en scène avec maestria. Malgré une toute fin prévisible David Slade prouve avec ce bonbon acidulé qu’il a tout d’un grand.
Un après midi de chien
Premier film de commande pour Spike Lee dont on ne savait pas vraiment à quoi il fallait s’attendre de la part d’un réalisateur qui jusque là à toujours refusé les appels de la grande Mecque du cinéma américain. Après la vision du film les choses sont claires : Spike Lee à parfaitement réussit à livrer un film de braquage de banque malin et passionnant qui utilise les vieilles ficelles du genre pour mieux les démontées. Pour couronner le réalisateur s’offre le luxe de détourner le simple film de commande pour se le réapproprier et en faire un film personnel (on retrouve même son plan le plus connu), continuant à explorer les thèmes qui ont fait son cinéma. Chapeau.
Chasse à l’homme
Tout juste six mois après son dernier film Steven Spielberg choisit d’évoquer le sujet épineux du conflit Israélo-palestinien. A la pure vérité historique, Steven Spielberg choisit de déformer certains détails pour mieux l’adapter à son propos. Une pratique qui peut paraître douteuse mais Spielberg ne le fait pas pour se positionner dans un camp au contraire à travers la traque des responsables de l’attentat aux jeux olympiques de Munich par des agents du Mossad, le cinéaste réalise comme il le dit lui-même « une prière pour la paix ». Dans un style rappelant fortement les films des années 70, Spielberg fait douter son « héros » pour mieux montrer la futilité de la vengeance et le cercle vicieux, sans fin de la violence. Après la vision du film toute polémique tombe à l’eau. Munich n’évoque le passé que pour faire le lien avec la période noire que nous connaissons aujourd’hui, dans un plan final bluffant.
Thriller
Secrets & Mensonges
Guillaume Canet transforme l’essai de Mon idole et réalise un thriller des plus réussi qui n’a rien à envier à ces compatriotes américains. Intrigue complexe et efficace, mise en scène sèche, casting quatre étoiles (François Cluzet en tête)… Un film qui le cinéma de genre français vers le haut et ça il faut le dire à tout le monde.
Abracadabra
Après avoir fait revivre Batman, Christopher Nolan revient avec un thriller spectaculaire sur la confrontation entre deux magiciens durant l’ère victorienne. Reprenant comme dans ses précédents films une narration tortueuse mais maîtrisée, Nolan signe une intrigue palpitante avec multiples rebondissements et un twist final, facilement devinable si on est observateur mais en parfaite adéquation avec son propos. En plus d’être un divertissement de haute gamme. Le prestige est aussi une parabole pessimiste sur le monde du spectacle et du monde Hollywood où tout artiste doit perdre son âme pour émerveiller le public. Qu’il se rassure, Christopher Nolan n’a en rien perdu de son âme artistique.
Only the strong…
Après sa très intéressante trilogie, Lucas Belvaux nous revient avec un film noir empreint de cinéma social. Dans ce portrait réaliste et touchant d’hommes que rien ne prédestinaient à essayer de commettre un casse, le réalisateur démontre que c’est avant tout la société et le capitalisme à outrance qui pousse d’honnête gens à passer du côté des hors la loi. Des gens simples, des chômeurs de plus de 50 ans, un jeune homme ayant fait de long études mais ne trouvant rien à son niveaux…et un ancien braqueur qui veut se repentir. Une France d’en bas (comme dirait l’autre con qui nous à servit de 1er ministre) solidaire, prêt à s’entraider les uns les autres. D’une première partie sociale on passe à une seconde plus cinéma de genre. Une seconde partie tout aussi réussi que la première où le réalisateur fait preuve d’une vraie prouesse dans son découpage précis qui arrive à restituer l’angoisse, la peur et le stress d’un braquage dont l’issu sera forcément dramatique. Et tant pis si le dernier plan trop long vire au misérabilisme, La raison du plus faible est un film qui aura raison des plus forts.
Les surprises
Quoi ma gueule qu’est quelle a ma gueule…
Qu’est ce qu’on pouvait bien attendre d’un film avec Johnny Hallyday, sur Johnny Hallyday et d’un scénario comico-fantastique à l’américaine ? Pas grand-chose et pourtant Jean Philippe est une franche réussite : le scénario va jusqu’au bout de ses idées et se montre franchement drôle. Même si on n’est pas amateur du (faux) rockeur préféré des beaufs on prend un réel plaisir à voir un Lucchini déchaîné essayer de faire revivre son idole dans un monde qui n’a pas connu le succès de Jean Philippe Smet qui prouve qu’il peut se moquer de lui-même. Jean Philippe démontre que les meilleures surprises sont celles qu’on n’attend pas.
Black Runner
Bien qu’il suscitait une certaine curiosité, l’intérêt que pouvait susciter un film d’animation français de science-fiction était mince tant en France le cinéma de genre reste encore trop mal desservi ou trop copieur de son homologue américain. Et pourtant Renaissance s’avère une assez bonne surprise. Si on pouvait craindre un rendu franchouillard de la transposition de Paris dans le futur il en est tout autrement dans les faits. La vision du Paris futuriste est tout simplement stupéfiante de crédibilité et surtout de beauté, la réalisation se permettant le plus souvent de nous faire profiter des décors. Quant à l’animation elle impressionne (les regards sont très réussis) et l’aspect visuel exclusivement en noir et blanc (façon Sin City) mérite les applaudissements. Alors oui on peut reprocher une intrigue peu innovatrice, restant les canons de la science-fiction fortement influencé par Blade Runner et des scènes d’actions manquant de punch. Reste que le film a ouvert la voie au cinéma de genre dans l’animation française et que des réalisateurs devront exploités de manière intelligente au risque de voir cette brèche se refermer très vite.
Les déceptions
Phantom of the Brian de Palma
Même si le dernier film de Brian de Palma n’est pas le pire film de cette liste, il reste ma plus grosse déception de l’année car on était en droit d’attendre une œuvre ultime dans la carrière du réalisateur et d’une superbe adaptation du roman phare de James Ellroy. D’un côté un scénario brouillon et simpliste, un casting inadéquate, de l’autre un Brian de Palma peu inspiré qui a du mal à insuffler un souffle à l’ensemble. Pas un navet juste un film qui ne marquera pas l’histoire.
Six Feet Under
Qu’est-il arrivé à Oliver Stone ? Qu’a-t-il bien plus se passer pour que l’un des plus grands réalisateurs contestataires se met tout d’un coup à livrer un film sirupeux et patriotique sur la tragédie qui à bouleversée notre monde. Car pas grand-chose à défendre dans World Trade Center : personnages irréprochables et acteurs pas convaincants, action figée et mollassonne, pathos et violons à foison. Même si cela aurait pu être pire en d’autres mains, World Trade Center est le film qu’on ne voulait pas et qu’il ne fallait pas faire sur le 11 septembre 2001.
Rush Hour 4
Comment foutre en l’air une trilogie si bien commencée ? C’est facile. Il suffit que le réalisateur initial qui avait réussi à donner une identité aux précédents opus laisse tomber pour aller sur un nouveau projet. Puis il suffit de mettre un vrai « yes man » à la place Brett Ratner en l’occurence, de lancer la production et définir une date de sortie alors que le script n’est même pas fini (et de le faire écrire au jour le jour). Et pour finir, se laisser aller à une surenchère de moyens et de nouveaux personnages qu’on ne traitera pas en profondeur (une petite apparition suffira) tout en ne dirigeant pas les acteurs et en livrant une mise en scène en mode automatique, le tout arrosé d’un humour gras complètement inadéquat. Voilà c’est fait ça s’appelle X-Men 3 et c’est une catastrophe.
Les semi déceptions
C’est un avion, c’est un oiseau…non c’est Superman !
C’est pour relancer les aventures de l’homme d’acier que Bryan Singer à abandonné la franchise des X-Men. Un choix qui s’est avéré être une sacrée erreur : le troisième épisode plombe toute la trilogie et ce Superman n’a de super que le nom. Pourtant l’homme semblait fait pour un tel projet, c’est lui qui a relancé avec brio les adaptations de supers héros et il est fan de la première heure du film originel de Richard Donner. Oui mais voilà Singer est trop fan. Superman Returns est une suite-remake qui reste trop collé au film de 1979 dans lequel le réalisateur veut trop rendre hommage et répète les mêmes erreurs que pour ses X-Men, c'est-à-dire qu’il oublie qu’avant tout Superman est un super-héros et effectue des actes de super-héros. Le film se montrant un peu avare en scènes d’action qui rende le film ennuyeux par moment (la fin est beaucoup trop longue) bien que dans le fond il se révèle intéressant. Singer essaye de réinstauré la mythologie du personnage dans le monde post 11 septembre, un monde complètement dénué de héros. Mais en matière mythologie de super-héros et d’action avec homme volant deux réalisateurs ont déjà fait leurs preuves dans une trilogie cultissime qui démontrait qu’ils étaient les hommes faits pour un tel projet: les frères Wachowski.
Aux armes citoyens !
Les frères Wachowski justement ici scénaristes et producteurs de l’adaptation de la BD culte d’Alan Moore, confiant la réalisation à leur assistant réalisateur sur les Matrix James McTeigue. Un choix plutôt mauvais car si McTeigue est un bon assistant réal, en réalisateur c’est une toute autre histoire. McTeigue est incapable de donner un véritable souffle et une ampleur à un scénario culotté pour un blockbuster avec son personnage principal V tour à tour aimable, inquiétant, drôle, victime, bourreau… Un personnage aux multiples facettes (dont Hugo Weaving masqué du début jusqu’à la fin apporte une gesticule et une voix qui donnent une âme à V) qui même s’il combat une dictature n’en reste pas moins un terroriste, naviguant ainsi entre bien et mal. Un film qui explore nos peurs modernes tout en divertissant. Dommage que cette deuxième facette du film soit gâché par une réalisation plate empêchant le film d’être le très grand film qu’il aurait pu et du être.
Blanche Neige et les sept voisins
Les critiques acerbes de Le village semblent avoir profondément blessé M. Night Shyamalan au point que celui-ci ne peut s’empêcher de régler ses comptes dans son dernier film. Un côté revanchard qui sied assez mal à la fable moderne qu’est tout d’abord La jeune fille de l’eau qui veut démontrer le caractère bienfaiteurs et unificateur des contes, tout en expliquant ses mécanismes. Mais à trop vouloir décortiquer ses procédés Shyamalan gâche notre plaisir devant une histoire certes empreint d’une certaine naïveté (voir un côté cucu pour certaines scènes) mais au potentiel certain pour tout spectateur qui veux bien s’y laisser prendre. Shyamalan signe son premier film (en tout cas depuis Sixième sens) décevant mais toujours intéressant.
Et pour finir une rapide liste de film qui auraient mérités de figurer dans ce classement (on ne peut pas tout mettre non plus) :
-Shortbus de Cameron Mitchell
-Libero de Kim Rossi Stuart
-Truman Capote de Bennett Miller
-The Last Show de Robert Altman
-The Queen de Stephen Frears
-Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli
-Syriana de Stephan Gaghan
-Jarhead de Sam Mendes